Tandis que Recep Tayyip Erdogan tente de relancer le processus diplomatique pour préserver les infrastructures énergétiques, Volodymyr Zelensky réclame davantage de missiles pour sa défense. Une rencontre assombrie par l’absence des États-Unis, refroidis par une vaste affaire de détournement de fonds qui ébranle le gouvernement ukrainien.
C’est une rencontre qui illustre le fossé grandissant entre les aspirations diplomatiques et la réalité du terrain militaire. Reçu ce mercredi à Ankara par le président turc, Volodymyr Zelensky a de nouveau plaidé pour un armement massif, alors même que son hôte, Recep Tayyip Erdogan, appelait à une désescalade urgente pour éviter des « dommages irréparables ».
Erdogan veut réactiver le « processus d’Istanbul »
Le président turc, fidèle à sa position de médiateur entre Moscou et Kiev, a profité de cette visite pour tirer la sonnette d’alarme. Au cœur de ses préoccupations : la destruction systématique des infrastructures énergétiques, qui frappe durement les deux camps.
« Pour les deux parties, les effets dévastateurs de la guerre sont considérables », a déclaré Recep Tayyip Erdogan. Il a insisté sur la nécessité d’une approche « pragmatique » et a appelé à réactiver le « processus d’Istanbul », une série de pourparlers qu’il considère comme la seule issue viable face à l’aggravation du conflit.
Zelensky : « Nos défenseurs du ciel ont besoin d’armes »
Le discours est tout autre du côté ukrainien. Loin de la table des négociations, Volodymyr Zelensky a orienté ses demandes vers le renforcement capacitaire de son armée.
« L’Ukraine a besoin de missiles pour sa défense aérienne », a-t-il martelé, qualifiant la sécurisation du ciel ukrainien de « défi quotidien ». Le président ukrainien a souligné l’urgence d’obtenir de l’aviation militaire et des équipements modernes, reléguant l’option diplomatique au second plan tant que la sécurité aérienne du pays n’est pas assurée.
Washington prend ses distances
Si la Turquie a l’habitude d’accueillir ces dialogues complexes, un acteur clé manquait à l’appel. L’envoyé américain Steve Witkoff, dont la présence était pressentie, a finalement annulé sa participation.
Selon plusieurs sources, ce retrait soudain serait directement lié à l’actualité brûlante à Kiev : l’éclatement d’un scandale de corruption majeur qui rend la position américaine délicate. Washington semble avoir opté pour la prudence en attendant que la lumière soit faite sur les accusations qui visent l’entourage du président ukrainien.
Un détournement de 100 millions de dollars
En toile de fond de ce sommet diplomatique, c’est une crise interne qui secoue l’exécutif ukrainien. Les services anticorruption ont révélé l’existence d’un complot visant à détourner près de 100 millions de dollars du secteur énergétique.
L’affaire est politiquement explosive : l’enquête pointe du doigt Timur Mindich, un allié proche de Volodymyr Zelensky. Les répercussions ont été immédiates avec une vague de démissions, incluant le ministre de la Justice et les responsables (anciens et actuels) du ministère de l’Énergie. Bien que les intéressés aient nié toute malversation, cinq personnes ont déjà été arrêtées après une enquête de 15 mois.
Ce scandale tombe au plus mal pour Kiev, fragilisant la confiance des alliés occidentaux à un moment où l’aide militaire est plus cruciale que jamais.