Le Cameroun a perdu une figure historique de son opposition. Anicet Georges Ekane, 74 ans, militant politique et président du MANIDEM, est décédé ce lundi 1er décembre 2025 au Centre Médical Militaire de la Gendarmerie Nationale à Yaoundé, où il était placé en garde-à-vue judiciaire. Le communiqué officiel du Ministère de la Défense évoque des « suites de maladie ».
Le Contexte : Arrêté pour « Infractions Graves »
L’annonce de son décès intervient un peu plus d’un mois après son interpellation. Anicet Ekane avait été arrêté le 24 octobre 2025 à Douala. Il était détenu dans le cadre d’une enquête ouverte pour diverses « infractions graves relevant de la compétence du Tribunal Militaire ». Le Ministère de la Défense a précisé qu’il souffrait de pathologies chroniques et qu’il était pris en charge par le Corps Médical Militaire.
Le communiqué insiste sur l’ouverture d’une enquête visant à « établir avec précision les circonstances du décès » et promet un « traitement légal rigoureux ». Ces assurances ne suffiront probablement pas à apaiser les interrogations qui émergent déjà au sein de l’opposition et de la société civile concernant les conditions de détention et de prise en charge d’un détenu de son âge et souffrant de maladies.
Un Combat Incessant pour la « Nouvelle Indépendance »
Le décès d’Anicet Ekane laisse un vide dans le paysage politique, notamment au sein de l’aile radicale de l’opposition. Président du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (MANIDEM), son parcours était intrinsèquement lié à l’héritage de l’Union des Populations du Cameroun (UPC), le parti historique de la lutte pour l’indépendance.
Ekane incarnait un militantisme sans concession, se faisant le porte-voix des revendications pour une souveraineté économique et politique totale du Cameroun. Son engagement constant pour la libération nationale, souvent qualifié de « second combat pour l’indépendance », l’avait régulièrement placé en confrontation directe avec le pouvoir. Il avait notamment marqué les esprits par sa capacité à mobiliser et à critiquer ouvertement les dérives du régime.
« Anicet Ekane était de la lignée de ceux qui croyaient que l’indépendance de 1960 n’était qu’une étape. Il se battait pour une indépendance réelle, celle qui met le peuple au centre des décisions. »
Réactions et Enjeux Post-Décès
Le Ministère de la Défense a transmis ses « sincères condoléances à la famille ». Néanmoins, la disparition d’un opposant majeur alors qu’il est en détention, et sous la juridiction militaire, soulève des enjeux politiques et éthiques majeurs. L’opposition réclame déjà la transparence totale sur les circonstances exactes de sa mort.
Les prochains jours seront cruciaux pour l’établissement de la vérité et pour l’avenir de son mouvement. Le souvenir d’Anicet Ekane restera celui d’un combattant acharné, dont la vie fut un plaidoyer continu pour la justice, la liberté et l’avènement d’une nouvelle ère démocratique au Cameroun.