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EDITO : LE GÉNÉRAL DE GAULLE, LE BOURREAU DE L’AFRIQUE

Le 9 novembre 1970, il y a Exactement 50 ans, le fondateur de la Cinquième République  mourrait. Rappelé au pouvoir en 1958 pour sauver l’Algérie française, de Gaulle ne pouvait favoriser  l’indépendance des peuples africains. Il plaidait  pour une politique conforme au « génie » de la France, en préservant les liens avec l’ancienne métropole. Il  évoque le cas particulier du Cameroun et du Togo, qui étaient sous la tutelle, et non sous la souveraineté de la France. Il a des mots très durs sur la Guinée, qui a refusé la Communauté et proclamé son indépendance dès 1958, pays qu’il présente comme une république totalitaire.

De Gaulle, chantre de la décolonisation

Rappelé au pouvoir en 1958 pour sauver l’Algérie française, de Gaulle ne pouvait favoriser d’emblée l’indépendance des peuples africains, si tant est qu’il le voulut. Face aux revendications d’indépendance manifestées par les territoires africains, y compris en dehors de la Communauté, à partir de 1958, de Gaulle céda pour mieux faire accepter la décolonisation à l’opinion française et maintenir les liens passés qui étaient selon lui l’une des conditions de la grandeur de la France.  S’il reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de Gaulle justifie la colonisation. Il dresse un bilan « positif » de l’œuvre coloniale, faisant des réclamations d’indépendance une sorte d’aboutissement logique de l’action des puissances colonisatrices en Afrique et ailleurs. 

Il définit alors ce que doit être la politique de la France à l’heure des indépendances : ne pas faire obstacle à un processus jugé « inéluctable », au risque de « graves difficultés », ni, à l’inverse, s’en réjouir pour mieux se désengager, ce qui serait contraire à « l’idée que la France se fait d’elle-même [et] à l’idée que le monde se fait de la France ». Il plaide donc pour une politique conforme au « génie » de la France, qui reconnaisse les indépendances tout en préservant les liens avec l’ancienne métropole.

De Gaulle évoque le cas particulier du Cameroun et du Togo, qui étaient sous la tutelle, et non sous la souveraineté de la France, et qui pourront choisir leur destin « l’année prochaine ». De fait, le Cameroun accède à l’indépendance dès le 1er janvier 1960, le Togo le 27 avril suivant.

Le général a des mots très durs sur la Guinée, qui a refusé la Communauté et proclamé son indépendance dès 1958, pays qu’il présente comme « une république démocratique populaire, un régime totalitaire sous la dictature d’un parti unique ».

Quatre dates marquent les relations du général de Gaulle avec le continent africain. 

29 octobre 1940

Lorsque le général organise la France Libre à partir de Brazzaville (avant de déplacer le siège en 1943 à Alger)


30 janvier 1944.

 À quelques mois de la victoire des alliés, il réunit les gouverneurs de l’Afrique occidentale française, de l’Afrique équatoriale française et de Madagascar et il jette les bases des nouvelles relations entre la métropole et ses colonies, en annonçant : «il n’y aurait aucun progrès qui soit un progrès, si les hommes, sur leur terre natale, n’en profitaient pas moralement matériellement, s’ils ne pouvaient s’élever peu à peu jusqu’au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires

 4 mars 1953

Alors que le général est écarté des affaires publiques françaises, il entreprend une tournée de près d’un mois sur le continent.  Il visite le Sénégal, le Soudan français,  Guinée, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Dahomey, la Haute-Volta, le Niger, le Tchad, l’Oubangui-Chari, le Congo, le Gabon et le Cameroun. En automne de la même année, il revient au Tchad et au Congo et rajoute à sa visite Madagascar, La Réunion, les Comores et la Côte des Somalis. Partout, l’accueil est enthousiaste. Le général veut à la fois témoigner de sa reconnaissance aux populations qui ont participé à l’effort de guerre, et prendre le pouls des anciennes colonies en marche vers leur indépendance.

21 août 1958

 Le général débute à Ndjamena une tournée africaine. Il est revenu au pouvoir en France depuis le mois de juin à l’occasion de la crise algérienne. Les grandes lignes de la création d’une Communauté française qui doit régir les rapports entre la République française et les Territoires d’Outre-mer sont déjà tracées et le projet doit être soumis au référendum en septembre. Le président du conseil, Charles de Gaulle vient promouvoir son idée de Communauté, où la France conserve les secteurs clés de décision (défense, politique étrangère, commerce extérieur et monnaie). Il se rend à Tananarive, Brazzaville, Abidjan, Conakry et Dakar. L’étape guinéenne sera l’occasion d’un discours violent -et désormais historique- de Ahmed Sékou Touré, rejetant la proposition française.  L’accueil des Sénégalais, en dépit de l’avis favorable de Léopold Sédar Senghor, sera mitigé.

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