Depuis deux ans, plusieurs états africains ont plongé dans une zone de turbulences. La Centrafrique, le Mali, le Tchad, la Guinée-Conakry, et le Burkina Faso, sont projetés sous les feux de l’actualité. Ces ex-colonies françaises sont en proie aux attaques récurrentes de groupes armés d’obédiences diverses, à l’instabilité en interne, et à la mise à mal du leadership de l’ancienne puissance coloniale.
Les aléas climatiques spécifiques au Sahel, la pollution atmosphérique et le déplacement massif des populations à cause des menaces de plusieurs ordres, hypothèquent la production agricole et l’essor économique. La mauvaise gouvernance, la corruption endémique et l’insécurité généralisée, ont occasionné un coup d’arrêt à la démocratisation dans ces pays. Confrontés aux insurgés, le Mali, le Tchad, et le Burkina Faso, évoluaient respectivement dans un contexte d’état de droit relatif, où avait lieu l’élection du président de la république.
En Guinée-Conakry a surgi la controverse née de la révision constitutionnelle qui permettait au chef de l’état sortant de briguer un mandat de trop. Au Tchad est survenue la manœuvre anticonstitutionnelle, afin de combler le vide laissé par le maréchal tombé sur le champ de bataille. Dans l’arrière-cour supposée de la France, sont apparus des officiers putschistes de forces spéciales, dont l’âge moyen tourne autour de la quarantaine. L’environnement international accompagne l’intégration d’un état en son sein par le bannissement de la mise en danger des institutions démocratiques, d’atteinte aux droits humains, à la vie constitutionnelle, ou d’user de force pour s’emparer du pouvoir.
Un calendrier concocté entre les parties concernées, est suivi en vue de pérenniser les idéaux de l’ordre mondial. D’anciens chefs d’états régulièrement élus dans leur pays respectif, soumis à contribution, jouent les médiateurs pour conjurer les dérives autoritaires. Après l’apaisement relatif post-conflictuel en Centrafrique, les dirigeants civils élus ont projeté de faire valoir une nouvelle loi fondamentale qui ne limiterait plus à deux mandats présidentiels les fonctions du président de la république. Ils ont été retoqués par la Cour Suprême. De surcroit, leur projet d’adopter une crypto-monnaie pour améliorer les recettes d’exportations a compliqué les liens avec les partenaires financiers de la R.C.A.
Le Mali, le Burkina Faso, et la Guinée-Conakry, sont sanctionnés à des niveaux différents. Cette dernière étant un pays côtier, non-membre de l’U.E.M.O.A, ne subit pas les mêmes préjudices d’isolement que le Mali. Ce dernier et la Centrafrique dans la tourmente d’insécurité, ont recours aux services de la société privée Wagner. Les dirigeants du Burkina Faso tenteraient à leur tour de composer avec les « mercenaires » russes, pour combattre le terrorisme sur leur sol. Sous l’emprise de putschistes, les états se départissent de la discipline monétaire, économique, ou politique qu’ils observaient au sein d’un groupement régional dont ils sont membres, dans l’espace où prévaut l’influence française. Le Mali et le Burkina Faso ont, l’un et l’autre, enregistré en quelques mois d’intervalle, deux coups de forces militaires.
Au Tchad, les assises nationales, levant les limites fixées à la période transitoire, ont prolongé celle-ci de deux années supplémentaires. Elles ouvrent a contrario la voie aux dirigeants de la Transition à se porter candidats pendant les élections qui marqueront la fin du régime d’exception en cours. A l’inverse de l’annonce des gages donnés au départ, les juntes à l’épreuve du pouvoir, tendent au renoncement de certains engagements. Les données à la criée au Sahel, résonnent dans l’arrière-cour française. Elles résultent du caractère des liens entre anciennes colonies d’Afrique et ex-métropole.
Les rapports sensibles aux effets du dysfonctionnement climatique et aux impératifs de la globalisation, appellent aux aménagements périodiques d’ordre économique, financier, politique et écologique.