A neuf mois du scrutin présidentiel, les lignes bougent à la présidence. Entre le 20 et le 25 Mars, le palais du peuple n’a pas été de tout repos. Entre audiences accordés, remaniement ministériel et nominations, il y a eu également des visites d’amitié et de paix.
Balaie diplomatique d’anciens caciques Français
La semaine a démarré avec des avocats de la paix dans le monde, venus s’enquérir de la situation désuète qui sévit à l’Est de la RDC. Une délégation des leaders pour la paix conduite par l’ancien premier ministre jean pierre Raffarin a été reçu par le chef de l’Etat Felix Tshisekedi le lundi 20 mars dernier. Insécurité dans l’Est : « Des Leaders pour la Paix » encouragent la RDC à discuter avec tout le monde pour le retour de la paix .La situation sécuritaire dans la partie Est de la République démocratique du Congo était au centre d’un échange, le lundi 20 mars 2023 au Sénat entre le président de cette institution, Modeste Bahati Lukwebo entouré de quelques membres de son bureau, et la délégation de la Fondation des Leaders pour la paix conduite par l’ancien premier ministre français Jean-Pierre Raffarin.
Au sortir de cette audience, ce dernier a estimé que la RDC ne devrait pas exclure les discussions avec les parties soupçonnées d’être à la base ou complices de la détérioration de la situation sécuritaire dans sa partie Est. Selon lui, la paix ne tombera pas du ciel et elle implique parfois de discuter avec des gens avec lesquels on n’est pas d’accord. Pour lui, la paix pour la RDC passera nécessairement par la construction d’une démarche d’unité de toutes ses forces politiques pour avoir une souveraineté.
Selon le cabinet du président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo a réaffirmé à ses hôtes la volonté du président Tshisekedi de trouver une solution durable par les voies diplomatiques à cette situation depuis son avènement à la tête de la RDC. Abordant la question relative aux élections, Modeste Bahati Lukwebo a aussi rappelé que le problème d’organisation des élections dans le délai constitutionnel ne se pose pas car, affirme-t-il, le chef de l’Etat congolais reste déterminé à respecter le délai constitutionnel pour l’organisation des scrutins prévus à la fin de cette année.
Signalons par ailleurs que la Fondation des leaders sur la paix regroupe plus de 40 personnalités politiques africaines et occidentales engagées dans la recherche de la paix à travers le monde. Au lendemain de la délégation à Raffarin, c’est l’ex-chef d’Etat Français, Nicolas Sarkozy qui a eu l’honneur d’être reçu par Mr Tshiskedi. La rencontre a eu lieu au Palais présidentiel du Mont Ngaliema où les deux personnalités ont partagé un dîner d’amitié. Cette rencontre s’est faite sur sollicitation de Nicolas Sarkozy et le Président Tshisekedi a accepté de recevoir l’ancien Président français dans ce cadre strictement privé et convivial sans aucune référence à une quelconque initiative diplomatique. Ce n’est pas la première fois qu’un ancien Président français est en visite à Kinshasa. En septembre 2022, l’ancien Président François Hollande avait effectué une visite privée en RDC qui l’avait conduite à Kinshasa et à Bukavu.
L’Union Africaine et des nouveaux ministres à l’honneur
Une délégation du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine conduite par M. Willy Nyamitwe, a été reçue le mercredi 22 mars 2023, dans la soirée, par le Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Le Chef de l’État a reçu cette délégation pour faire le point sur leur séjour de travail en RDC, notamment à l’Est où ils ont pu voir sur le terrain les conséquences humanitaires de l’agression du Rwanda. Le Président Tshisekedi a fait passer un message ferme, clair et franc aux membres de la délégation pour demander à l’UA d’agir en conséquence face à un déni flagrant de la charte de l’organisation continentale de la part du Rwanda qui agresse un pays voisin et frère sans raison valable.
Interrogé par la presse au sortir de l’audience, M. Willy Nyamitwe s’est dit satisfait de l’entretien fructueux que sa délégation a eu avec le Président Félix Tshisekedi ajoutant que lui et ses collègues repartaient avec « une connaissance parfaite » des attentes de la population congolaise face à l’équation de l’Est et sur ce que peut être l’apport du CPS dans la résolution de la crise qui y sévit. Pour l’heure, a-t-il précisé, le CPS s’en tient à la récolte des informations susceptibles de l’aider dans ses prestations futures conformément à son cahier de charge. Et de préciser que les informations recueillies sont publiques et seront publiées, après recoupage, dans un rapport à transmettre à qui de droit.
Ce rapport, a-t-il ajouté, prend en compte les différentes informations recueillies à tous les niveaux (Gouvernement, société civile, victimes, corps diplomatique etc).Et d’ajouter que les autorités congolaises ont mis à la disposition de sa structure un Mémorandum contenant tous les détails en rapport avec la situation à l’Est du pays, sans toutefois fixer une échéance quant à la publication dudit rapport. Soucieux de cerner les contours de la problématique de l’Est avec, à la clé, la guerre imposée à la RDC par le Rwanda agissant sous le couvert du M23, cet organe stratégique de l’UA s’attèle, depuis quelques jours, à la récolte des données sur le terrain.
Pour rappel, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) est l’organe décisionnel permanent de l’Union Africaine pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. Autre fait marquant, le remaniement ministériel. Après plusieurs semaines d’attente, le Gouvernement Sama 2 a enfin été publié le jeudi 23 mars 2023 dans la nuit. Parmi les « grandes surprises », figurent notamment les entrées de Vital Kamerhe et de Jean-Pierre Bemba. Les deux alliés du président Tshisekedi sont nommés respectivement vice-premiers ministre de l’Économie et de La Défense.
Cela fait trois mois que ce remaniement était présenté comme imminent. À neuf mois de l’élection présidentielle, la République démocratique du Congo (RDC) du président Félix Tshisekedi redessine son équipe ministérielle.
L’administrateur du parc des Virunga, François-Xavier de Donnea reçu par le chef de l’état
Un projet d’accord de coopération entre la RDC et le Soudan du Sud sur les parcs nationaux des Virunga et de Lantoto était au menu des entretiens entre le Président Félix Tshisekedi et François -Xavier de Donnea, administrateur du parc des Virunga et président du parc de la Garamba, le jeudi à la Cité de l’Union africaine. Ce projet d’accord a pour but de rendre plus efficace la collaboration et la gestion entre le parc de la Garamba qui est dans le Haut-Uélé et le parc de Lantoto au Soudan du Sud, tous deux frontaliers.La question de l’orpaillage illégal au sud du parc de la Garamba a été également abordé. L’administrateur du parc des virunga accompagné de l’ambassadeur du Royaume de Belgique en RDC, Joe Inkedeu, a alerté le Chef de l’Etat sur cette exploitation illégale faite par des étrangers sous couvert des associations congolaises utilisées comme paravents. Une situation qui a dégradé l’environnement sur la rivière Kibali.
Un tour d’horizon sur l’état global du parc des virunga a clôturé leurs discussions. François-Xavier de Donnea a expliqué au Président Tshisekedi l’encerclement dont fait l’objet ce parc par les terroristes du M23. Il a par ailleurs précisé que la Fondation Virunga, le directeur du parc et les gardes de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) ont marqué une présence qui empêche ces forces nuisibles d’occuper les installations stratégiques telles que la Centrale électrique de Matebe.
En réponse à toutes ces préoccupations, le chef de l’Etat a promis d’appuyer ce projet d’accord avec le Sud-Soudan et de se pencher sur la question de l’orpaillage illégal et de prendre des mesures appropriées. Le chef de l’Etat a ensuite accordé une brève audience à l’ambassadeur américain en RDC, Lucy Tamlyn. Les échanges ont porté sur les sujets d’intérêt commun entre la RDC et les États-Unis d’Amérique ainsi que sur la coopération bilatérale dans de nombreux domaines.
Le chef de l’état a reçu le directeur général de la caisse nationale de péréquation, Coco Jacques Mulongo
Le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a reçu en audience le jeudi 23 mars en soirée, dans ses bureaux de la Cité de l’Union africaine, Coco-Jacques Mulongo Nzemba, Directeur général de la Caisse Nationale de Péréquation. Ce dernier est venu présenter au Président de la République un état des lieux de la gestion de cette institution publique qui récupère directement dix pour-cent sur les recettes totales de l’état pour ensuite investir dans les vingt-six provinces pour aider les provinces les plus pauvres à rattraper leur retard dans les infrastructures et autres services à la population afin de rétablir un équilibre entre toutes les provinces du pays. Il ressort de ces discussions l’engagement ferme du Président Tshisekedi à respecter l’octroi de ces dix pour cent dévolus à la Caisse par la Constitution pour permettre le financement des projets et différents programmes de développement dans les provinces. La Caisse nationale de péréquation longtemps négligée entend jouer pleinement son rôle. C’est aux gouverneurs des provinces et aux responsables des entreprises de présenter leurs projets. Une évaluation des programmes selon des critères précis bien établis déterminent le choix du financement.