Après le tête-à-tête diplomatique russo-américain à Genève, une réunion entre l’Otan et la Russie doit se tenir mercredi 13 janvier à Bruxelles. La Russie met une pression plus forte que jamais sur le rendez-vous du jour.
Menace de guerre en Ukraine, garanties de sécurité exigées par la Russie à ses frontières… Ce mercredi voit s’ouvrir la seconde étape d’une semaine diplomatique intense alors que les relations entre Russes et Alliés sont au plus bas depuis la fin de la guerre froide et que l’Alliance atlantique s’est recentrée sur son opposition à la Russie depuis la débâcle afghane. Cette rencontre entre l’Otan et la Russie est aussi l’échéance pour décider s’il est temps de mettre fin ou de continuer les discussions, a dit en substance le négociateur russe.
Les sujets d’ouvertures possibles vers la désescalade des tensions sont nombreux, comme le contrôle des missiles ou la baisse de la tension militaire en Ukraine. Mais ce mercredi, le dossier central qui doit être abordé pour Moscou, c’est son exigence que l’Otan ne s’élargisse pas, ni à l’Ukraine, ni à la Géorgie, ni à aucun autre pays à ses frontières, rapporte notre correspondante à Moscou, Anissa El Jabri.
Un engagement que la Russie veut « en béton armé ». Moscou est même allé jusqu’à fixer une date : la prochaine assemblée générale de l’Otan fin juin.
« L’Ukraine a le droit de se défendre »
Pour autant, la Russie sait parfaitement que cette exigence est inacceptable pour les Alliés. Il n’est pas question ni pour eux, ni pour d’éventuels candidats, que la Russie dicte ses termes. Un gouffre sépare donc les deux positions, mais il reste une petite lueur d’espoir. Moscou exigeait également en décembre l’interdiction de tout déploiement de l’Otan sur son flanc oriental et la Russie n’en parle plus aujourd’hui.
De son côté, « l’Ukraine a le droit de se défendre », a affirmé lundi le secrétaire-général de l’Alliance atlantique à l’issue de la commission Otan-Ukraine. Et le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmitro Kouleba revient à la charge : la position de son pays ne variera pas, la Russie n’a pas le droit de voter sur une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Il a aussi pris soin d’ajouter que le sujet était une ligne rouge pour l’Ukraine et ses partenaires et est surtout une façon d’affirmer que l’Alliance atlantique a garanti lundi son soutien aux Ukrainiens, selon notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet.
Le rapprochement Otan-Ukraine est une histoire ancienne. L’Otan a offert en 2008 à l’Ukraine la perspective d’une adhésion à l’Alliance, un rapprochement qui s’est intensifié depuis l’annexion de la Crimée en 2014. Et désormais la position de fond de l’Alliance est qu’une Ukraine souveraine et indépendante est « une des clefs de la sécurité euro-atlantique ».
Finlande et Suède inquiètes de l’influence russe
Si l’Ukraine est au cœur de l’actualité, deux autres pays sont aussi inquiets de la menace russe et ne veulent pas se voir dicter leur politique étrangère. La Finlande, qui partage une frontière de plus de 1 000 kilomètres avec la Russie, et la Suède, qui a fortement augmenté son budget militaire, rapporte notre correspondant à Stockholm, Frédéric Faux.
Les deux ne sont pas membres de l’Otan, contrairement à la Norvège, mais ils collaborent régulièrement avec les pays de l’Alliance atlantique et ils seraient prêts à franchir le pas si la menace russe devenait trop insistante.
À chaque exercice militaire, à chaque achat d’armement, Moscou hausse le ton, promet des représailles et rappelle sa volonté d’empêcher tout élargissement de l’Otan. La dernière fois, c’était en décembre, et la Première ministre suédoise Magdalena Anderson avait riposté en rappelant « le droit de la Suède à choisir sa propre politique de sécurité ».
Une pression russe qui semble pour l’instant contreproductive, car à chaque fois qu’elle s’exerce, les partisans d’une adhésion à l’Otan en ressortent un peu plus renforcés. La tenue du conseil Otan-Russie attendu de longue date est un signe positif mais le risque d’un dialogue de sourds ce mercredi est bien présent.