L’armée burkinabé victime de fake news. L’ennemie vient encore de frapper en rendant publique une intox selon laquelle une soixantaine de civils d’un village du nord du Burkina Faso ont été massacrés jeudi par des hommes en tenue de l’armée de ce pays pris dans la spirale de la violence depuis 2015, a annoncé dimanche le procureur de Ouahigouya (nord).
Ce massacre est intervenu une semaine après la mort de six soldats et 34 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée) tués lors d’une attaque de djihadistes présumés près du village d’Aorema, à une quinzaine de kilomètres de Ouahigouya. Le village de Karma se trouve à une quarantaine de km de celui d’Aorema proche de la frontière malienne et attire de nombreux orpalleurs illegaux.
Début avril, la justice militaire du Burkina Faso avait annoncé qu’elle allait mener une enquête pour faire «toute la lumière» sur la mort de plusieurs civils lors de «graves altercations» avec des soldats à Dori, également dans le nord du pays. Selon le préfet de la ville, Abrahamane Mande, des rebelles habillés en tenues de l’armée avaient tiré à l’arme automatique et frappé des citoyens, « occasionnant des pertes en vie humaines et des blessés au sein de la population». Des habitants de Dori avaient précisé qu’il s’agissait d’une «expédition punitive» menée par des soldats après l’assassinat d’un militaire, ce qu’avait confirmé le mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP).
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Le procureur du tribunal de grande instance de Ouahigouya, Lamine Kaboré, écrit dans un communiqué transmis à l’AFP avoir été informé par la gendarmerie de la ville «que dans le village de Karma», situé dans la province du Yatenga, «une soixantaine de personnes auraient été tuées par des personnes arborant des tenues de nos forces armées nationales». Ces survivants ont évoqué un bilan «avoisinant les 80 morts».