Le Cameroun vient de perdre un titan de l’opposition. Ni John Fru Ndi, à la tête du Social Democratic Front, SDF depuis 1990, est décédé à près de 82 ans des suites de maladie. Il s’en va ayant œuvré à consolider un parti déjà fortement infecté par des batailles internes et les problèmes d’ego.
La nouvelle est tombée telle un coup de marteau sur la tête! Le président du social démocratique front SDF est décédé dans la nuit de lundi à mardi à Yaoundé, capitale camerounaise à l’âge de 82 ans, telle que l’affirme un communiqué du vice-président du parti Joshua Osih.
Figure légendaire de l’opposition au Cameroun, il aura marqué la scène politique avec ses multiples combats. En 1990, Ni John Fru Ndi crée le SDF, le Social Democratic Front, ex Union Nationale Camerounaise UNC, parti au pouvoir depuis l’indépendance et donc le combat s’active autour du socialisme et de l’opposition.
En 1992, lors de la toute première élection présidentielle pluraliste du Cameroun, il arrive second avec 36 % contre le président sortant, au pouvoir depuis 1982. Une victoire que ce dernier a longtemps contestée et donc ses prises de position lui ont valu une mise en résidence surveillée pendant plusieurs mois chez lui au Ntarikon Palace à Bamenda.
En 31 ans de combat sans relâche, le chairman aura tenté de renverser le régime en place sans y parvenir Jusqu’en 2018 où il a renoncé à participer à l’élection présidentielle, annonçant son retrait définitif de la course vers le palais en ces termes: « je ne me présenterai plus à aucune élection présidentielle. A un certain âge et à un certain moment de la vie, vous devez laisser les plus jeunes continuer. Et ils doivent prendre le relais quand vous êtes encore là pour voir ce qu’ils font, ainsi vous pouvez les diriger et les corriger. La politique ne consiste pas à s’assoir à Yaoundé ou à Bamenda », avait déclaré l’opposant historique le 11 février 2021 devant une trentaine de journalistes qui s’étaient réunis à son domicile à Yaoundé pour un point de presse.
L’homme politique et paysan fière se retire sans doute de la scène politique d’une part à cause de son état de santé de plus en plus fragile, ayant été victime d’un enlèvement le 27 juin pour la deuxième fois à Bingo, Nord-Ouest où il revenait de l’hôpital.
D’un autre côté, ce parti jadis réputé dans le landerneau politique camerounais, n’est que l’ombre de lui-même. Son nombre de représentants à l’Assemblée nationale a chuté de 43 en 1996 à 5 députés élus à l’issue du scrutin de février 2020.
Rongé par les luttes intestines, bousculé dans son fief par le parti au pouvoir, victime de la crise anglophone et de l’arrivée du MRC, le SDF était donc en perte de vitesse totale.
Dès lors, plusieurs cadres s’étaient mis à réclamer un changement de cap et un retour aux fondamentaux du parti, à l’instar du député jean Michel Nitcheu, ainsi que des militants de la diaspora.
Tout compte fait, l’on retient de sa dernière bataille, que le chairman dans ces derniers moments a œuvré à consolider un parti miné par les divisions et les guerres d’ego.