Un tour dans les stations-services de la ville permet de se rendre compte du malheur des automobilistes et moto-taximen qui ont toutes les peines à mener leurs activités.
Au centre-ville d’Ebolowa, deux stations-service sont distantes d’une dizaine de mètres seulement. Les deux meilleurs détaillants du pays sont ici pris d’assaut par une longue file de véhicules et motos qui attendent une livraison prévue vers 17h ce Mardi. Il est 8h du matin, mais la fille est déjà bien longue. Pas de choix, il faut faire preuve de patience.
« Je suis ici depuis 6 h et c’est maintenant qu’on annonce une livraison vers 17h. Je n’ai pas trop le choix, je vais attendre. J’ai toute la journée ici, mais si je parviens à faire le plein de carburant, je vais bosser toute la nuit » confie Saibou Ndam, moto taximan de la ville. Ces derniers ont en effet du mal à pratiquer leur activité depuis que la crise du carburant bat son plein ici.
Personne ne parvient plus à travailler comme d’habitude, les recettes sont minimes, ce qui cause de réels soucis avec les patrons des motos. « nos patrons ne comprennent pas que le manque de carburant nous empêche de travailler. On passe toute la journée sans rien faire et lorsqu’on a quelques goute et qu’on se bat, ils exigent que la recette soit maintenue au même prix. Ce qui est impossible. J’ai des collègues qui ont déjà abandonné, ils sont allés remettre leur moto aux propriétaires » affirme Marc steve Demla.
Du côté des transporteurs automobilistes, la situation est la même. Pas facile de rallier les villes et villages environnant la ville d’Ebolowa. Le manque de carburant a un impact grave sur les usagers. « Si on n’a pas de carburant on va voyager comment ? d’ici akom II je consomme beaucoup de carburant en raison de l’état de la route. Je vais faire comment ? » Questionne Bissa Roger chauffeur.
À cela viennent s’ajouter le désarroi des populations des villages « c’est grave, pas de carburant, pas de véhicule, pas moyen d’aller vendre nos productions en ville. On ne sait que faire » affirme un agriculteur, qui réunit une quinzaine de régimes de plantains, tous entrain de murir. Le risque de les perdre est élevé, mais il garde espoir, et sait que leur écoulement en ville va lui couter cher « je sais qu’il va me taxer gros pour transporter tout ça au marché, mais je n’ai pas de choix, je dois commencer à acheter les cahiers de mes enfants pour la rentrée scolaire ».
Les prix du transport à la hausse
La conséquence est immédiate sur le prix du transport. Les passagers sont contraints de payer au taux fort. En moto, les distances qui coutaient 100f sont à 150 ou 200f. Les passagers aux abois « ils pensent que pour récupérer le temps perdu à la station et leur manque d’activité, il faut augmenter le prix. Nous on fait comment ? on prend l’argent où ? Nous sommes tous des victimes » conclue un usager courroucé.
La situation est bien préoccupante ici à Ebolowa, certaines stations restent fermées toute la journée, la grande affluence de mototaxi dans la ville a cédé le pas à quelques-uns seulement, certainement ceux qui ont eu le courage de braver le froid de la nuit pour attendre les livraisons.
