Le Directeur général de la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (Scdp), a dévoilé ce 13 juillet 2022, la stratégie de cette entreprise pour renflouer les stations-services et divers prestataires, en gasoil, super, pétrole lampant et Jet A1.
L’actualité sur la crise des produits pétroliers au Cameroun continue de faire des vagues de réactions. Après le communiqué de clarification du 11 juillet 2022, publié par Gaston Eloundou Essomba, le Ministre de l’eau et de l’énergie, Moampea Mbio née Manzoua Véronique, s’est prononcé à son tour sur cette conjoncture. Le Directeur général de la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (Scdp) annonce l’arrivée imminente des produits pétroliers dans les dépôts de cette entreprise: «au niveau de Limbe, nous disposons actuellement d’un navire de 28.000 m3 de super et de 88.000 m3 de gasoil en attente de déchargement si les conditions financières sont remplies. Au niveau du large ici, nous sommes en train de décharger aujourd’hui, environ 17.000 m3 de gasoil, 15.000 m3 de super, et 12.500 m3 de jet A1, qui sont progressivement en train d’être déchargés. Au moment où je vous parle, nous faisons entrer un navire gasoil. Dès demain, la situation va s’améliorer à Douala et Yaoundé, et dans les prochains jours dans les autres villes».
Appelant les consommateurs camerounais à «la patience», Moampea Mbio née Manzoua Véronique, insiste toutefois, sur la «pression financière sur l’État», du fait de la subvention des produits pétroliers: «ce qu’il faut expliquer aux consommateurs, c’est qu’au mois de juillet 2022, pour chaque litre de gasoil, le consommateur paye dans les stations services à 575 FCFA le litre, et pour chaque litre, le gouvernement à travers les instructions du Président de la République, paie 778 FCFA», explique la manager. Pour le super, le gouvernement s’acquitte de 643 FCFA par litre, et 758 FCFA par litre pour le pétrole lampant (350 FCFA dans les stations-services). «Alors devant cette situation, les finances publiques sont également sous pression», justifie-t-elle.
Dans son communiqué, Gaston Eloundou Essomba relevait également la flambée du montant de ladite subvention au mois de juin 2022. Elle a atteint, selon le Ministre, une enveloppe de 80 milliards de FCFA, projetant le montant total de cet appui public à 317 milliards de FCFA, déboursé par l’État au premier semestre 2022. «Ce sera plus de 600 milliards de FCFA, d’ici la fin d’année», ajoute le Directeur général. Sur la responsabilité et le rôle de la Scdp dans le processus d’approvisionnement national en produits pétroliers, Moampea Mbio née Manzoua Véronique, a tenu à lever toute équivoque: «la Scdp n’est pas un producteur, ni un vendeur, ni même un importateur. Elle intervient uniquement dans la chaîne logistique, c’est-à -dire dans le stockage et la distribution à partir du dépôt principal de Douala, vers les dépôts intérieurs. Par conséquent, les produits disponibles dans les backs de la Scdp appartiennent aux marketers qui ont achetés les produits auprès des importateurs. Donc, le responsabilité de la Scdp réside en ce qu’elle devrait gérer, en bon père de famille, les stocks qui lui sont confiés. »
Rappelons que le stockage des produits pétroliers de la Scdp sur l’étendue du territoire national (13 dépôts pétroliers dans 8 régions) s’élève à une capacité totale de 266.210 m3 pour les produits liquides et 2510 tonnes pour le gaz: (Douala: 156.725 m3/1.500 t de butane, Yaoundé : 55.885 m3/500 tonnes. Bafoussam : 18.520 m3/300 tonnes, Belabo: 6080 m3, Ngaoundere: 5400 m3/140 tonnes, Garoua: 23.600 m3, Maroua: 70 tonnes de butane). L’approvisionnement des dépôts et points de stockage de la Scdp s’effectue par bateau de Limbe à Douala, par voie ferrée grâce à un parc de 110 wagons citernes appartenant à la Scdp, ainsi que par route via les transporteurs routiers.
Le rôle trouble du FMI
Sous-programme avec l’institution de Bretton Woods, le pays a déjà injecté plus de 120 milliards de FCFA dans le soutien des prix des produits pétroliers à la pompe. Une situation qui courrouce au plus haut point le Fonds en ce sens qu’il voit une grande partie des efforts du Cameroun s’orienter vers le financement de ce que consomment les populations. Aussi le FMI donne-t-il jusqu’en fin d’année aux autorités afin d’afficher la vérité des prix dans les essenceries si elles ne souhaitent pas assister au gel de la validation des différentes revues du programme triennal en cours.
L’équipe de mission du Fonds monétaire international en séjour au Cameroun il y a trois mois dans le cadre de la revue des accords au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit séjournent dans le pays. Celles-ci ont eu des entretiens avec les autorités dont le Premier Ministre, le secrétaire général de la Présidence de la République, le ministre de l’Economie ainsi que le ministre des Finances.
Si la résilience du pays face aux chocs exogènes est saluée par les experts de Washington, reste que les cadres de l’institution ne cachent pas leurs préoccupations face à la montée des subventions des carburants à la pompe. En effet, entre février et fin mai, en raison de la guerre en Ukraine et de la remontée des cours du brut sur le marché mondial, le Cameroun, importateur net de produits pétroliers, est obligé de soutenir les prix à la pompe. Ce qui a déjà englouti plus de 120 milliards FCFA en quatre mois.
