Détecté il y a quelques jours dans la région de l’Ouest Cameroun par une note du sous-préfet de d’arrondissement de Dschang, la rumeur d’un formol existant dans les denrées alimentaires à Yaoundé fait également son effervescence.
Au Cameroun, l’utilisation du formol se fait souvent par des commerçants peu scrupuleux qui veulent accélérer le processus de maturation ou de conservation des denrées alimentaires telles que la banane, les fruits et légumes ainsi que la viande et le poisson. Le formol est une substance chimique et cancérigène utilisée pour la conservation des morts. Une pratique qui inquiète les autorités car la récente sortie est celle du sous-préfet de l’arrondissement de Dschang qui a attiré l’attention des populations sur une pratique alarmante dans le commerce des produits alimentaires de la région.
A Yaoundé dans la région du centre, la rumeur est rependue, l’inquiétude règne au sein des ménages, la peur de consommer des aliments formolisés est bel et bien là, que faut-il faire pour y remédier à la situation ? Comment les populations se préservent d’une éventuelle consommation des denrées alimentaires formolisées ?
Face à cette situation préoccupante, une décente au marché du Mfoudi ce 12 août 2023 est effective. C’est un marché réputé pour sa richesse en fruit et légumes, on y retrouve également de la viande et du poisson. L’espace marchand en cette fin de semaine fourmille de monde. Difficile d’y accéder à partir du lieudit « pont de la gare » Entre brouettes et véhicules surchargés de vivres frais, commerçants et clients se disputent le passage. L’on se marche dessus et se bousculent pour avancer.
La seule préoccupation pour le client est de faire son panier. Clotilde cliente, ne manque pas de montrer sa peur pour les produits qu’elle achète : « Depuis que la rumeur du formol dans les aliments est dehors, je ne suis pas tranquille, j’aime les fruits et j’en consomme tout le temps, mais je suis vraiment inquiète je ne sais pas s’il y’a du formol dans ces fruits ou pas » La peur et l’inquiétude sont visibles chez cette cliente qui visiblement n’a pas changé ses préférences et ses habitudes de consommation.
A 5 mètres de là, les hangars de boucheries sont bondés de monde « Aladji donne-moi 2 kilogrammes de viande sans os » déclare Mireille dont l’impatience d’être servie se faisait ressentir. La rumeur de la formolisation des denrées alimentaire semble ne pas l’affecter : « Ce n’est pas aujourd’hui qu’on parle du formol dans les aliments, c’est une vieille histoire. De toutes les façons, je suis avisée, quand j’achète ma viande comme vous voyez là je la fais toujours frire avant de la cuisiner, quand l’huile a bien chauffé, je mets ma viande. Ça retire le formol à l’intérieur de la viande », confie Mireille qui a développé ses astuces de cuisson pour se débarrasser du formol dans les aliments. Plus loin c’est tout un étalage de légumes dont la couleur foncée attire le champ visuel : Carottes, concombre, poivron, haricots verts, poiro, courgettes et condiments verts donnent immédiatement envie à la consommation. Ces légumes n’ont visiblement pas changé les habitudes des consommateurs qui en achètent comme des petits pains.
Par ailleurs, un tour au marché Essos réputé pour sa richesse des produits vivriers fait état d’un espace de vente qui jouit encore de sa routine habituelle. Ici, c’est une foule écrasante de commerçants et clients qui montent et descendent. Du coté des « Bayam-Sellam » tel qu’on les appelle communément, c’est une superficie d’environ 50 mètres carrées qui est réservés pour des vivres tels que les plantains, maniocs, ignames, patates douces, macabo bref toutes la diversité vivrière du Cameroun s’y trouve.
« Asso je veux le manioc bien tendre, celui des Bassa », demande Edwige qui semble maitriser la qualité en termes de manioc. Selon elle, toute véritable protection vient de la puissance divine. « C’est Dieu qui nous garde, le formol dans les aliments que nous consommons ne m’inquiète pas vraiment. Je fais toujours mes achats comme avant la rumeur et je prie mon Dieu pour qu’il me garde en vie. » Myriam de son coté qui achète du poisson a adopté de nouvelles méthodes depuis la rumeur de la formolisation des denrées alimentaires : « Je ne consomme plus du poisson pris dans une poissonnerie, soit je me rends à Kribi moi-même prendre mes frais qui sortent directement de l’eau, soit j’achète comme vous voyez la et je fais d’abord fumer pour enlever les produits chimiques qu’on utilise pour la conservation du poisson. Maintenant je fume mon poisson moi-même avant la consommation pour éviter d’être intoxiquer par le formol », confie Myriam qui a développé des astuces personnelles de lutte contre le formol dans les aliments.
Si certains consommateurs ont mis sur pieds des mesures de protections pour éradiquer la présence du formol dans les aliments, certains commerçants voient leurs marchandises moins fructueuses depuis la rumeur de la présence de ce produit toxique dans les denrées alimentaires : « Voilà les plantains, depuis que j’ai ramené ça du village pour vendre, les gens passent comme ci ils ne voient pas. Les plantains murissent trop, et les clients n’en veulent pas » confie Grégoire, commerçant. La situation devient alarmante pour les marchands. De ce fait, bon nombre de commerçants proposent des solutions pour y remédier à ce problème de formolisation des denrées alimentaires : « Les contrôles stricts doivent être effectués sans discontinuité aux frontières pour veiller à ce que les produits alimentaires importés soient conformes aux normes de sécurité sanitaire » fait savoir Jean, vendeur.
« Il est temps pour le gouvernement de prendre d’agir en mettant en place un plan de surveillance pour la recherche du formol à travers l’utilisation des kits de détection rapide qui permettront de réaliser des tests sur les fruits et légumes où tout résultat positif à la présence du formol, sera suivi d’un refoulement des produits » déclare Antoine Mbarga enseignant. Le constat qui est perceptible après ces décentes dans divers marchés de la ville de Yaoundé est que la rumeur sur la formolisation des denrées alimentaires fait effet dans les comportements des commerçants et des clients, toutefois il serait temps pour les autorités compétentes à prendre des mesures de protection