Depuis quelques semaines dans les marchés de Yaoundé, Ails et Oignons se font rares sur les étals, une situation qui entraine la flambée des prix de ces denrées alimentaires.
Depuis le début du mois de Juin, on a enregistré une rupture de stock de l’oignon. Il représente pourtant la troisième culture de rente après le coton et l’arachide. L’oignon couvre plus de 3 400 ha et occupe plus de 13 600 producteurs, pour une production annuelle de plus de 70 000 tonnes, selon les indices d’une fédération des producteurs à Maroua. Cette pénurie a évidemment affecté les prix : sur le marché local, le seau de 2 Kg d’oignon coûte entre 2500 et 3000 F 000 Fcfa, le prix d’un sac entre 40 000 et 60 000 Fcfa selon la qualité et la quantité : « On s’approvisionnait dans les bassins de production de la région du Nord dont les localités de Ngong, Pitoa, Figuil et Lagdo.
A l’Extrême-Nord qui est l’un de grand bassin de production, on en trouve dans le Mayo-Tsanaga, Makilingai dans le Mayo Sava et Doumrou, dans le Mayo-Kani. Mais depuis le début du mois de Juin, il y a rupture de cette denrée », indique Souleymanou Amadou, commerçant au Marché 8em à Yaoundé : « Nous attendons la période de production de l’oignon en provenance de la localité de Djimeta au Nigeria début décembre pour gérer ce moment de rupture en attendant notre production locale dont certains producteurs sont au début des semences ». Ajoute-t-il.
Actuellement, Il n’est plus aisé d’acheter oignon et ail. Depuis quelques semaines, le prix de ces deux produits a quasiment doublé. Au marché Mokolo de Yaoundé pourtant réputé abordable pour les produits frais, un sac de 100 kilogrammes d’oignons est actuellement vendu entre 80.000 et 90.000 Fcfa contre 40.000 voire 35.000 il y a à peine un mois. Le sac d’ail est pratiquement intouchable parce que vendu à 215 000 Fcfa. Cette flambée des prix s’explique selon Baba Amidou, commerçant détaillant rencontré au marché de Mokolo : « Ce n’est pas la période des récoltes. Les oignons que nous vendons actuellement sont celles qui ont été stockées il y a deux mois par les grossistes. La récolte va commencer au mois de février et c’est en ce moment-là qu’il y aura l’abondance sur le marché. C’est pareil pour l’ail », a-t-il déclaré avant de conclure que la faute n’incombe pas aux petits commerçants comme lui.
S’agissant de l’ail dont les prix sont suffisamment élevés, plusieurs autres commerçants nous ont signifié que la marchandise vendue au Cameroun est importée des pays comme le Nigeria, le Tchad et le Niger parce que le Cameroun n’en produit pas suffisamment. De très longues distances qui imposent un coût élevé en raison des frais du transport et tracasseries policières. Il faut rappeler que les produits importés au Cameroun ne profitent pas seulement au marché local mais bien plus au marché de la sous-région d’Afrique centrale puisque les autres pays sont approvisionnés depuis le Cameroun. Les prix chez le détaillant de l’oignon oscillent entre 50 et 200 FCFA suivant la grosseur du bulbe, tandis qu’un kilogramme d’ail coute 400 FCFA. Les consommateurs devront encore souffrir jusqu’au mois de février prochain, mois des débuts de récoltes au Cameroun.
D’après les grossistes, cette rupture serait en partie due au prolongement de la saison pluvieuse. Les problèmes de conservation et de stockage limité à 3 mois, impactent eux aussi sur cette montée des prix. La demande de plus en plus forte vers les marchés du Sud Cameroun et de ceux des pays comme le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Congo Brazzaville contribue à augmenter les pertes et la pénurie. Les agronomes mettent en garde sur la nécessité pour les acteurs de penser à l’amélioration des systèmes et techniques de production et de la commercialisation des produits de cette filière.
Dans le cadre de la 2e phase du Projet d’appui au développement des filières agricoles (Padfa II), co-financé par l’État et le Fonds international de développement (FIDA) au mois d’Avril 2024, le Cameroun veut débourser près d’un demi-milliard de FCFA, pour la construction de quatre entrepôts de stockage de produits agricoles dans les trois régions septentrionales, dont deux dédiés aux oignons.
L’information est révélée dans un appel d’offres pour la sélection d’un consultant, que vient de lancer la coordinatrice de ce projet, Hélène Misse Marigoh. Pour rappel, lors de la 2e phase du Padfa, le FIDA a pris l’engagement d’injecter un montant de 28,5 milliards de FCFA dans les filières riz et oignon, de 2020 à 2026. S’agissant des oignons, l’objectif était de dépasser la barre de 200 000 tonnes chaque année. Officiellement, au cours de la phase 1, le Padfa a permis de booster de près de 60% le revenu moyen des producteurs d’oignons. Les pertes après-récolte, initialement évaluées à 18%, ont baissé de 10% en un an.