Natifs de Kolofata, ceux-ci ayants passés treize mois à la prison centrale de Yaoundé-kondengui étaient accusés de financer boko haram.
Le téléphone de Alhadji Mohamed Dala n’a pas cessé de sonner depuis le matin. « Allo ! Louange soit rendue à Allah. Nous avions été jugé innocents. Ne vous en faites pas, nous allons rentrer au village d’ici », confirme-t- il par voie téléphonique. Quelques minutes plus tard, il est obligé de mettre son smartphone sous mode vibreur, question de ne pas perturber ses frères qui prient juste à côté. Il est 13h. Nous sommes à la grande mosquée du quartier Tsinga, à Yaoundé. C’est ici que se trouve la grande famille d’accueil de Alhadji Mohamed et ses quatre autres frères. Tous les cinq ont été libérés de la prison centrale de Yaoundé-Kondengui, dans la soirée du 28 juillet dernier.
Au milieu de la communauté qui les entoure, ils reçoivent encouragement et réconfort à travers les accolades, conseils et autres gestes de leurs visiteurs. « Merci à Dieu et merci à Me Amungwa pour nous avoir défendu au tribunal. Sans ces deux, nous n’en serons pas là », se réjoui Mohamed, tout trempé de larmes.
En effet, Alahdji Mohamed et ses frères Bakari Mamoudou, Modou Ganama, Ali Gana Malloum, et Sali Abaï (le plus âgé) sont originaire de l’arrondissement de Kolofata, dans la région de l’Extrême-Nord. Ils ont été transférés à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui le 14 juin 2021. Après y avoir passé treize mois, ils ont libéré le 28 juillet dernier après leur jugement le 20 du même au tribunal militaire de Yaoundé. Mariés et pères d’au moins huit enfants, chacun, ces vaillants camerounais étaient, par ailleurs, membres du comité de vigilance de la localité de Kolofata tenue en proie, depuis près d’une décennie, à la secte boko Haram.
« Bien avant qu’on nous envoie à Kondengui, on était d’abord, en mars, à la Sémil où, nous avions passé plus d’une semaine. Après, on a été transféré à la cellule du Sed. Au départ, j’étais seul. Les autres frères qui faisaient la moto à Douala ont été aussi arrêté et transféré ici », relate Alhadji Mohamed, président du comité de vigilance de Kolofata, par ailleurs conseiller municipal.
Ainsi, ils étaient accusés de financer le groupe terroriste susmentionné. « Je les ai rencontré quand j’étais en prison pendant ce qu’on appelle là-bas le bain du soleil. Quand Alhadji m’a raconté leur histoire, j’ai été très choqué. J’ai promis de les aider. Après ma sortie de prison, j’ai constitué leur dossier », explique Me Nicodemus Amungwa, avocat au barreau du Cameroun.
« Leur défense n’a pas été facile, parce que les cinq s’exprimaient en différentes langues. Par client, il fallait au moins traduire en trois langues. Mais, on s’est battu. Je lisais de l’innocence dans leurs yeux. Des personnes qui, visiblement, ont de la peine à se nourrir et leur famille vont financer un groupe de terroristes comment ? C’était injuste », l’avocat d’ajouter. Et de conclure, « moi-même, après les avoir sauvé, ils m’ont aussi arrêté. Car, disent-ils, je filmais les bâtiments publics. Pourtant il n’y avait rien d’images dans mon téléphone. Mais, je me réjouis d’avoir gagné ce procès. Ce sont des gens affaires pareilles qui devaient plus intéresser les avocats camerounais».