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Coup d’État du 06 avril 1984 : la piqûre de rappel

06 avril 1984-06 avril 2022. Cela fait exactement 38 ans que Paul Biya arrivé au pouvoir à la suite d’une disposition constitutionnelle échappait à un coup d’État, 19 mois jour pour jour après son ascension à la magistrature suprême.

En effet, aux aurores, le deuxième Président de la République du Cameroun avait été brutalement sorti de son sommeil par une révolte de la garde républicaine donc les éléments dans leur immense majorité étaient restés fidèles à son prédécesseur, le Président Amadou Ahidjo. De sources bien introduites, les mutins avaient soigneusement quadrillé tous les points stratégies de Yaoundé nuitamment, alors que les premières rafales de mitraillettes et les premiers coups de canon déchiraient la fraîcheur et le silence de l’aube. Les populations apeurées, étaient restées à l’abri chez eux. C’était à 10 heures très exactement que les putschistes avaient enfin diffusé un message fixant le peuple sur la chronologie des évènements depuis le poste national.

« Camerounaises, camerounais. L’armée nationale vient de libérer le peuple de la bande à Biya, de leur tyrannie, de leur escroquerie et de leur rapine incalculable, inqualifiable. Oui ! L’armée a décidé de mettre fin à la politique criminelle de cet individu contre l’unité nationale de notre cher pays. En effet, le Cameroun vient de vivre au cours de ces 15 derniers mois qu’a duré le régime Biya, les heures les plus noires de son histoire, son unité est mise en péril, la paix interne troublée, sa prospérité économique compromise, la réputation nationale ternie » déclaraient les putschistes. À la suite de cette annonce, les mutins ajouteront que la « les liaisons aériennes, maritimes et les communications sont suspendues jusqu’à nouvel ordre ».

De même le couvre-feu avait été institué sur l’ensemble du territoire national de 19 heures à 5 heures. Ces adeptes de la sédition avaient également annoncés la suspension de la constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale et la démission du gouvernement. Pourtant, les forces loyalistes sous la conduite du général Pierre Semengue, chef d’état-major de l’armée Camerounaise avaient réussi à retourner la situation en organisant une sanglante riposte. Et en une journée, les mutins avaient perdu le contrôle de la capitale. Aux lendemains de ce coup d’État qui avait viré au fiasco, le président Paul Biya avait pris la parole pour rassurer l’opinion.

« Camerounaise, Camerounais. Le Cameroun vient une fois de plus de traverser une période délicate de son histoire, hier en effet 06 avril vers 3 heures du matin des éléments de la garde républicaine ont entrepris à la réalisation d’un coup d’État, concrétiser par la coupure des liaisons téléphoniques, l’occupation des voies stratégiques ou sensibles de Yaoundé : Palais de l’unité, immeuble de la radio, aéroport, etc. Avec pour finalité la main mise par la violence sur le pouvoir politique. Les unités régulières de notre armée nationale demeurées fidèles aux institutions et qui avaient reçu des ordres pour enrayer le coup de force, conduisirent le combat avec méthode et détermination et aboutirent en fin de matinée de ce jour à une victoire complète » déclarait le Chef de l’État Paul Biya. L’homme du 06 novembre 1982 attribuait ensuite ce coup d’État manqué à une minorité « assoiffée du pouvoir ». Au bout d’un procès expéditif organisé courant mai de l’année 1984 à Yaoundé, Mbalmayo et Mfou dans la région du Centre, plusieurs personnes soupçonnées d’avoir œuvrer pour la déstabilisation de l’ordre établi avaient été exécutés. D’autres, condamnés à perpétuité avaient finalement vu leurs peines commuées en détention selon plusieurs témoins.

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