Le M23 rejette les allégations de crise humanitaire et accuse Kinshasa d’attaques
Le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé opérant dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a catégoriquement rejeté les inquiétudes concernant une crise humanitaire grave dans les « zones libérées » qu’il contrôle. S’exprimant à Goma ce mercredi, le groupe a dénoncé des préoccupations qu’il juge à motivation politique et non fondées sur la réalité du terrain.
Une situation humanitaire « non urgente » selon le M23
Le M23 insiste sur le fait que la situation humanitaire n’est plus une urgence dans le Nord-Kivu, notamment dans les zones sous son contrôle. Chantal Murekatete, conseillère du gouverneur du M23, déclare que l’urgence existait avant leur arrivée, lorsque des milliers de personnes étaient des « réfugiés dans leurs propres maisons » et vivaient dans des sites de déplacés. Un point de vue corroborer par Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23 : Il n’y a pas de crise humanitaire grave dans les zones libérées. […] Les raisons avancées sont tellement politiques qu’elles n’ont rien à voir avec les préoccupations humanitaires
Allégations d’attaques gouvernementales
Le porte-parole du groupe affirme que les forces gouvernementales continuent de lancer des attaques régulières contre leurs positions. Il indique que la situation était « très tendue sur le terrain » et que Kinshasa bombardait leurs compatriotes depuis trois semaines.
Activité humanitaire et divergences
Le M23, qui s’est emparé de vastes zones, y compris la ville de Goma, début 2025, affirme que la situation est stable dans les zones sous son contrôle. Les dirigeants du mouvement déclarent que 11 agences des Nations Unies, 91 ONG internationales et 603 ONG nationales peuvent y opérer librement. Ils ajoutent que près de 5 000 travailleurs humanitaires ont pu circuler dans la région depuis avril sans rencontrer d’obstacles. Le groupe évoque des routes ouvertes, des voies d’approvisionnement opérationnelles et des marchés bien approvisionnés, considérant le retour des familles déplacées comme une preuve d’amélioration de la sécurité.
Cependant, les organisations humanitaires estiment que les combats au Nord et au Sud-Kivu ont forcé entre 5,6 et plus de 7 millions de personnes à fuir leurs foyers. Les organisations de défense des droits humains contestent la version du M23, estimant que ces allégations passent sous silence les exactions, les déplacements forcés et les actes d’intimidation dont sont victimes les civils.
Les FARDC accusent le M23
Parallèlement, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) accusent la coalition M23/AFC d’être responsable de la reprise des hostilités. Le porte-parole, le général de division Sylvain Ekenge Bomusa Efomi, a reproché au groupe de violer systématiquement le cessez-le-feu par des attaques quotidiennes contre leurs positions, ce qui « équivaut à faire la guerre et expose nos populations aux dangers du conflit ».
Contexte diplomatique et tensions
Cette annonce intervient après la signature d’un accord-cadre de paix à Doha entre le gouvernement de la RDC et le M23, visant à mettre fin à des années de conflit dans l’est du pays. Cet accord s’appuie sur une Déclaration de principes fondatrice établie antérieurement. Le gouvernement de Kinshasa accuse par ailleurs le mouvement M23 de recevoir le soutien du Rwanda, ce que Kigali dément.