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Diplômes, âge, identité…tout est faux

 

Des plus hautes sphères de la République à la plus petite échelle de la société camerounaise tout le monde ou presque est concerné par le faux. Faux ceci faux cela et personne ne s’en indigne sauf quand le faussaire est rattrapé par ses œuvres. Dans le cadre du processus de recrutement de jeunes Gendarmes et Soldats en cours dans les Forces de Défense camerounaises pour le compte de l’exercice 2024, le ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense vient de détecter 1312 faux diplômes. Selon un communiqué de Joseph Beti Assomo, il s’agit d’un faux GCE Advance Levels ; 12 faux Probatoires ; 64 faux GCE Ordinary Level; 491 faux BEPC camerounais ; 661 faux BEPC d’un pays voisin; 83 faux CAP. Ces faux diplômes, soutient le Mindef, ont été détectés à l’issue des contrôles appropriés d’authentification des diplômes des candidats retenus pour la visite médicale approfondie, « préalables substantiels à la publication des résultats finaux d’admission ».

Joseph Beti Assomo révèle que ce chiffre est en légère hausse par rapport aux résultats d’une opération similaire qui avait permis en 2022 d’écarter 929 candidats des rangs à l’entrée définitive dans les Forces armées. Chaque année, des faux diplômes sont détectés aussi bien dans les entreprises privées que publiques. Viennent s’y ajouter les documents falsifiés remis lors de l’admission dans certaines écoles de prestige. En 2019, la commission nationale d’évaluation des formations dispensées à l’étranger du ministère de l’Enseignement supérieur avait détecté 63 faux diplômes sur les 426 reçus. En dehors des réseaux locaux, un grand nombre des compatriotes détiennent de faux diplômes qu’ils rapportent de l’étranger, surtout des doctorats ou des diplômes d’ingénieur. Le Cameroun ne fait pas seulement face aux faux diplômes.

Les « chers compatriotes » aiment aussi tripatouiller leurs âges. Plusieurs cas à l’école et dans les mouvements sportifs démontrent la gravité de la chose. En mars 2024, 62 joueurs du championnat local ont écopé d’une suspension pour fraude sur l’âge. La falsification de l’âge dénoncée au sein des clubs de football est un mal qui touche d’autres secteurs de la vie. Il y a plusieurs années, lors d’un recrutement dans les forces armées, un candidat s’est écroulé au cours de l’épreuve de course, l’âge déclaré n‘était pas le bon. Les ciseaux étaient passés par là. Au lieu de 22 ans, il avait un peu plus de 30.

Un autre cas plus cocasse encore, c’est celui de ce fonctionnaire anglophone qui, sentant sa retraite approcher, s’était rendu dans sa région natale pour rapporter un acte de naissance sur lequel son âge avait fortement diminué. Pour convaincre les sceptiques, il avait utilisé un argument massue : il avait argué que ses parents, illettrés, n’avaient pas noté avec précision sa vraie date de naissance. Pour en avoir le cœur net, il s’était rendu dans son village faire des recherches aux termes desquelles il avait retrouvé son âge réel, amputé de cinq ans de l’ancien. Le problème des faux diplômes est réel. Il gangrène la société à tous les niveaux, des hautes sphères de la République jusqu’aux bas-fonds de nos villages et villes.

Si l’Etat et le gouvernement s’y mettent vraiment ils peuvent l’éradiquer, mais ont-ils la volonté politique nécessaire ? La localité de Koumba dans la partie anglophone du pays a acquis mauvaise réputation dans les années 1990. Selon certaines langues, « dans le temps, la mairie de Fiango (Arrondissement de Kumba 1er) était connue pour établir de faux actes de naissance. En cas de perte de ce document ou au cas où une personne souhaitait rectifier son âge, direction Kumba, non loin du Nigeria ». Un vaste phénomène de corruption qui a donné lieu à une expression bien camerounaise : « avoir l’âge de Kumba ou faire le Kumba ». Comme pour dire qu’on a un acte de naissance qui ne mentionne pas son âge réel. A titre illustratif, si vous deviez avoir normalement 40 ans, eh bien, grâce au Kumba, vous pouvez officiellement prétendre en avoir 30.

Ce qui vous permettrait par exemple de vous présenter à certains concours où la limite d’âge est un critère essentiel. Vous pouviez aussi retarder votre départ à la retraite même si vos cheveux blancs et votre calvitie prononcée ne cadrent pas avec vos 30 ans officiels. « Ils ont tous types de cachets à Kumba. De celui du maire de Yaoundé I en passant par le gynécologue de l’hôpital de Fondjomekwet qui est supposé avoir procédé à votre accouchement », ironique n’est-ce pas ? Pour simuler que votre acte de naissance a été établi il y a bien longtemps, à Kumba on le trempait dans la bière noire, de préférence une Guinness. Puis, l’acte était séché au soleil. Et le tour était joué 

 

 

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