L’Afrique doit-elle se réjouir de la grand-messe de Charm El-Cheikh ? La conférence mondiale sur le climat s’est conclue dimanche, entre accord historique sur l’aide aux pays pauvres et surplace quant à la lutte globale contre le réchauffement climatique. C’est avec scepticisme que les écologistes même les moins radicaux– avaient anticipé la vingt-septième conférence mondiale sur le climat, les sommets précédents ayant été aussi médiatisés que peu suivis d’effets concrets. Cette fois pourtant, les plus volontaristes avaient promis au monde des décisions immanquables lors de cette réunion qualifiée de « dernière chance » avant l’irréparable.
À l’Afrique, ils avaient spécifiquement assuré que la localisation égyptienne du rendez-vous garantirait une prise en compte du ressenti particulier de la dégradation climatique au sud de la planète…Les lampions se sont éteints et les citoyens d’Afrique semblent aussi « déçus en bien » que savent l’être des Suisses. Certes, ceux qui regardent les conclusions de la COP27 par le bout africain de la lorgnette brandissent une avancée censément historique : les 196 pays représentés ont décidé de créer, d’ici un an, un fonds pour les « pertes et dommages », fonds destiné à aider financièrement les pays en développement. Certes, cette annonce est historique, puisque la revendication datait d’une trentaine d’années. Et certes, particulièrement vulnérables aux sécheresses, inondations et autres ouragans, les bénéficiaires présumés du futur fonds contribuent relativement « peu » aux émissions de gaz à effet de serre.
Cette décision est donc moins un geste caritatif que le remboursement d’une « dette climatique », les pays du Sud étant toujours sommés de proscrire un développement polluant dans lequel d’autres se sont pourtant vautrés… Affronter l’incendie serait plus judicieux qu’arroser telle ou telle case. Bonne nouvelle pour le Sud, donc, mais le verre à moitié plein pourrait rester un verre à moitié vide, les pays dits « développés » n’ayant toujours pas tenu leur ancienne promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an à destination des pays en développement. Engagement pris il y a pourtant treize ans. Pour le fonds dédié aux « pertes et dommages », une quarantaine de pays s’est déjà engagé à mobiliser plus de 350 millions de dollars. Noté.
Par ailleurs, au-delà du prisme exclusivement africain, la COP27 a clairement échoué à accélérer significativement la lutte globale contre le dérèglement climatique, faute d’accord sur les énergies fossiles, même après une prolongation des débats de trente-sept heures. S’il est bienveillant d’envisager l’adaptation de certains pays aux dommages subis, ne serait-il pas davantage utile de s’attaquer aux causes du fléau à l’origine desdits dommages ?
« Quand la case de ton voisin brûle, arrose d’eau la tienne », indique la pensée populaire. Affronter l’incendie serait plus judicieux qu’arroser telle ou telle case… Après Charm El-Cheikh, c’est Dubaï qui accueillera, en novembre 2023, une COP28 qui pourrait encore ressembler à un cha-cha-cha : un pas en avant, un pas en arrière…