Editorial

EDITO : DEVOIR DE MÉMOIRE, THOMAS SANKARA, UN HÉROS MORT ET VIVANT

Le 15 octobre 1987, il y’a exactement 33 ans, Thomas Sankara, le président du Burkina Faso, est froidement assassiné avec douze de ses compagnons lors d’un putsch laissant Blaise Compaoré seul au pouvoir. Le souvenir de cet assassinat reste frais dans les mémoires de ses contemporains. La figure héroïque de Sankara engagée dans un combat inégal contre des forces économiques et impérialistes fait de l’ancien capitaine un sujet si inspirant pour les africains.

Thomas SANKARA, un modèle pour la jeunesse africaine  

La brutalité de son assassinat a renforcé sa légende. D’autant que sa disparition impliquait aussi la fin du régime révolutionnaire que celui-ci avait instauré et auquel le peuple s’était identifié. Il s’est battu contre un régime, trop dépendant de l’Occident. Il avait réussi à insuffler dans les esprits un sentiment de souveraineté retrouvée et d’intégrité.

Une  dimension sacrificielle et romantique qui explique  la fascination qu’exerce la figure de Sankara sur la jeunesse burkinabè. Et dans toute l’Afrique.  Si la jeunesse s’est réemparée de la légende de Sankara, c’est parce que notre continent est un peu orphelin de grands personnages, surtout depuis la disparition de Mandela. Alors la jeunesse se tourne vers les morts, faute de héros vivants.

Né le 21 décembre 1949 à Yako (nord), Thomas Sankara décolonisation. Son premier fait d’armes est une action militaire d’éclat lors du premier conflit ayant opposé son pays, alors la Haute-Volta, au Mali, en 1974-75. Chantre de l’anti-impérialisme, il est une figure tutélaire du récent « printemps burkinabè », Thomas Sankara a tenté de mener d’une main de fer le Burkina Faso sur la voie du développement économique, avant d’être assassiné lors d’un coup d’Etat. Le culte de celui qu’on surnommait « Che Sankara » est encore entretenu à travers toute l’Afrique, et particulièrement dans son pays.

Une mort tragique

Le Jeudi 15 octobre 1987, à 16 heures. Une réunion doit commencer à Ouagadougou au Conseil de l’entente, dans une salle du bâtiment « Burkina ». Thomas Sankara en a fait le siège du Conseil national de la Révolution (CNR). La réunion porte sur la création d’un parti politique, un parti unique dont le but est de rassembler l’ensemble des mouvements de gauche pour sauver la révolution et faire face à la montée des contestations. Il est froidement assassiné ce jour par des commandos. C’est la confusion à Ouagadougou. La radio nationale interrompt ses programmes et diffuse de la musique militaire. Puis le soir, entre 19h et 20h, un militaire en tenue lit un communiqué à la radio nationale. Il y annonce la démission du président, la dissolution du Conseil national de la Révolution et proclame la création d’un Front populaire dirigé par le capitaine Blaise Compaoré.


Thomas SANKARA, anticolonialiste et panafricaniste

Thomas Sankara a été formé militairement à Madagascar. En janvier 1983, à la faveur d’un coup d’Etat, il est nommé premier ministre. Le pays connaît alors une période d’instabilité et de nombreuses tensions minent l’armée. Arrêté en mai, Thomas Sankara resurgit en août à la suite d’un nouveau coup d’Etat mené par son ami, le capitaine Blaise Compaoré.

Agé d’à peine 33 ans, il devient président et symbolise l’Afrique des jeunes et de l’intégrité. D’allure sportive, charismatique et le sourire facile, il bénéficie d’une indéniable popularité. Travailleur acharné, parfois autoritaire, il n’apparaît qu’en treillis avec, à la ceinture, un pistolet à crosse de nacre offert par le dirigeant nord-coréen Kim Il-sung. Il vit simplement, avec sa femme et ses deux fils dans un palais présidentiel délabré et n’a pour seuls biens que sa guitare et sa Renault 5 d’occasion, un véhicule qu’il impose comme voiture de fonction à tous les membres du gouvernement.

A peine au pouvoir, il change le nom de son pays et la Haute-Volta devient le Burkina Faso (« pays des hommes intègres »). Ses priorités : assainir les finances publiques, améliorer la situation sanitaire avec de grandes campagnes de vaccination et la construction de dispensaires – par les habitants eux-mêmes –, faciliter l’accès à d’éducation, développer l’agriculture, la production et l’artisanat local.

Ses prises de position, ses liens avec les sulfureux dirigeants de la Libye et du Ghana lui valent quelques inimitiés en Afrique, à commencer par la Côte d’Ivoire, où Felix Houphouët-Boigny redoute que la jeunesse ivoirienne s’inspire de celle du Burkina Faso. Au président français François Mitterrand, qui avait accueilli officiellement le Sud-Africain Pieter Botha, lié à l’apartheid, il donne une leçon sur les droits de l’homme.

Le jeu trouble de la France

En promettant que tous les documents français concernant l’assassinat de l’ancien président seraient « déclassifiés », Emmanuel Macron entend mettre un terme à des décennies d’opacité entretenues par ses prédécesseurs.

En affirmant qu’il « n’y a plus de politique africaine de la France », il espère instaurer un rapport d’égal à égal avec le continent, basé sur la confiance. En 2015, François Hollande avait engagé une déclassification des archives françaises sur le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Mais celle-ci ne fut que partielle et finalement décevante.

Redigé par:

Epiphanie Gueyop

Source:

Etiquettes : assassinat sankara

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