Le processus électoral bien préparé par la constitution et mené par l’organe en charge des élections était sur les rails, malgré les insuffisances relevées par des parties prenantes à cette élection, et ce processus électoral allait aboutir au vote le 25 février s’il n’y avait pas eu ce report. Naturellement, il y en a à qui ce report permettra de reculer pour mieux sauter, comme on dit.
Le président de la République avait déjà annoncé qu’il ne briguera pas un troisième mandat. Une annonce qui avait fait redescendre la tension dans le pays depuis 2021, avec l’exacerbation de la situation en juin dernier où les rapport ont relevé plusieurs morts, des blessés graves et des dizaines de personnes mises en prison.
Un report de l’élection présidentielle à cause « des conditions d’une élection libre, transparente et inclusive qui ne sont pas réunies » comme l’indique le PDS, le parti de Karim Wade, dans son exposé de motif dans sa proposition pour le report, ne devrait rien dire à Macky Sall. D’ailleurs pour le PDS, ce report ne profite qu’à la République du Sénégal dans son entièreté. « Au-delà du candidat Karim Wade qui a été arbitrairement recalé, c’est tout le Sénégal qui profite de ce report », affirme le porte-parole du parti. Pour elle, les députés ont évité au Sénégal de sombrer avec un président corrupteur qui allait être élu si on laissait se tenir ces élections le 25 février 2024.
Cependant, pour Babacar Domingo Mané, journaliste, Doctorant en communication politique, c’est un prétexte trouvé par le président de la République et ses complices pour empêcher des adversaires sérieux comme le candidat de l’ex-Pastef d’aller à cette élection. Il souligne que le report profite au chef de l’Etat. « Il n’a plus confiance en Amadou Bâ, le candidat qu’il a lui-même choisi. Il va profiter du temps de ce report pour chercher un autre, créé avec la complicité de la justice, des scénario pour détruire complètement le candidat de l’ex-Pastef et régler définitivement le compte à Ousmane Sonko », souligne-t-il. Selon lui, ce report ne profite surtout pas à l’ex-Pastef qui sera complètement démantelé pendant ce temps. « Macky Sall est en train de faire un troisième mandat en fait. Presque un an de prorogation de son mandat, c’est trop », regrette-t-il.
Le fils de l’ancien président du Sénégal, Aboudoulaye Wade a été recalé en raison de sa renonciation tardive à sa nationalité française. Son parti n’a pas digéré le rejet de son dossier. C’est d’ailleurs le PDS qui est porteur du projet de loi demandant le report de l’élection présidentielle en août 2024. Bien évidemment, ce report, comme l’a souligné le porte-parole du parti, lui profite, puisqu’il pourra être remis en course, avec la reprise ou la poursuite du processus électoral. Wade profitera du report pour se remettre d’aplomb et aborder le processus avec plus de sérénité, puisque selon son état-major, c’est une injustice qu’on lui a fait subir en invalidant son dossier de candidature.
