L’ambassadeur de Russie au Cameroun, Anatoly Bashkin, a récemment annoncé lors d’une audience avec le ministre camerounais de l’Agriculture, Gabriel Mbairobe, que la Russie envisageait de construire une usine de production d’engrais dans le pays.
Cette initiative vise à renforcer la coopération agricole entre les deux nations. Si ce projet se concrétise, la Russie abandonnerait son statut d’exportateur d’engrais vers le Cameroun pour devenir un producteur local. Selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), la Russie est actuellement le principal fournisseur d’engrais au Cameroun, détenant 43% de parts de marché, tandis que la Chine ne représente que 11%. Toutefois, en raison de l’implication de la Russie dans le conflit avec l’Ukraine, les dépenses d’importation d’engrais du Cameroun ont augmenté de 43,4% au cours de la période janvier-septembre 2022, selon l’INS.
La mise en place d’une usine de production d’engrais par la Russie au Cameroun aurait un impact positif sur la balance commerciale du pays, qui est déficitaire depuis de nombreuses années. Cependant, il convient de relativiser cet espoir, car plusieurs projets de construction d’usines de production d’engrais au Cameroun ont tardé à se concrétiser ces dernières années. Un exemple est le projet de 1 250 milliards de FCFA porté par la société allemande Ferrostaal, qui peine à démarrer depuis 10 ans dans la ville de Limbé, dans la région du Sud-Ouest.
Les négociations sont bloquées en raison du prix du gaz proposé, qui rend le projet non rentable. Le dossier est actuellement entre les mains de la Société nationale des hydrocarbures (SNH), selon les informations du ministère de l’Économie. Le ministre de l’Industrie par intérim, Fuh Calistus Gentry, a annoncé le 30 juin 2023 à l’Assemblée nationale que trois autres projets similaires étaient en cours de développement dans le pays.
Cependant, aucune information n’a été donnée sur la date exacte de leur démarrage sur le terrain. En attendant, le gouvernement camerounais a annoncé une subvention de 14 milliards de FCFA en 2023 pour soutenir les prix des engrais, qui ont considérablement augmenté depuis le début du conflit russo-ukrainien en février 2022, afin d’éviter une baisse des rendements agricoles.