Au début de l’attaque de l’Ukraine par la Russie, une quinzaine de joueurs africains évoluaient en ligues 1 et 2 du championnat ukrainien. Leur carrière prend un grand coup avec des lendemains plus compliqués dans les pays Européens.
Pour ces footballeurs Africains qui avaient déjà connu un réel début de carrière en Ukraine avec une stabilité certaine, c’est le ciel qui leur tombe sur la tête. C’est le cas de Mouhamed Zidane, et d’autres joueurs ivoiriens, sénégalais et togolais qui se contentent désormais des beaux souvenirs de l’Ukraine, contraints à un Exil en France. Les sociétaires du club de Kharkiv en Ukraine voient l’avenir flou alors que tout était en rose. « C’était déjà un bon début de carrière, nous vivions bien ». Les balades au parc avec sa petite amie, les rires et les disputes autour de grandes tablées à la cantine du club de football. Et même la soupe de bortsch qu’il avait appris à apprécier, Zidane se souvient de ces moments rares. « On kiffait tranquillement », répète-t-il, encore hébété par le tournant dramatique qu’a pris sa vie en quelques jours.
Le footballeur ivoirien, repéré dans les ruelles d’un quartier populaire d’Abidjan par un agent camerounais, est arrivé en janvier 2020 au Metalist 1925 Kharkiv, un club de football professionnel de la deuxième plus grande ville d’Ukraine. Il jouait dans la réserve de la catégorie des moins de 19 ans avec qui il avait remporté la coupe d’Ukraine en 2021.
Le milieu de terrain a eu la vie sauve, mais il a une dent contre cette guerre qu’il « ne comprend pas » et qui a mis un coup d’arrêt brutal à ses plans de carrière. « Le 24 février, je devais signer un contrat avec un nouveau club professionnel, le Real Pharma à Odessa. Mon manager avait tout arrangé. Au lieu de ça, ce jour-là, ce sont les bombardements à l’aéroport de Kharkiv qui m’ont réveillé », raconte-t-il, depuis un hôtel du nord de Paris où il rend visite à un coéquipier du club, Mouhamed Zidane Diarrassouba, 17 ans, lui aussi arrivé d’Ukraine.
« On a payé pour sauver notre vie »
Il y a d’abord eu l’incompréhension le 24 février, à l’aube. « Quand les bombardements ont commencé, j’ai pensé que les Russes voulaient effrayer les Ukrainiens. J’ai vraiment pris peur quand des soldats ukrainiens se sont installés dans l’académie de football où je vivais en internat. Leurs chars étaient garés à l’extérieur. Le site pouvait devenir une cible », indique Jonathan B un autre jouer d’origine Africaine.
Le jeune homme pris dans le feu des bombardements Russes se réfugie quelques jours chez la cuisinière du club puis se résout à partir. Rendu à la gare de Kharkiv, il s’accroche à quatre autres étudiants africains qui tentent aussi de fuir. « Une agente nous a refusé l’accès au train sans aucune raison. Sauf peut-être notre couleur de peau. On a patienté pendant dix-huit heures dans un froid glacial avant qu’un policier nous fasse monter à bord, en échange de 300 dollars (270 euros). On a payé pour sauver notre vie », conclut-il.
La suite de la carrière
Ces joueurs rêvent bien d’avoir une suite de carrière, mais se heurtent justement au Milieu Européens très concurrentiel, et où les chances de trouver un club sont moins élevées qu’en Ukraine. Ils espèrent bien trouver autre chose, mais il y a toujours ce regard dans le rétroviseur « il faut que cette guerre prenne fin, et que tout se reconstitue, j’aime ce pays, même si je sais qu’il est possible d’avoir une ouverture en France. » Des regrets, mais aussi beaucoup d’espoir pour ces jeunes footballeurs qui voient leurs rêves brisés.