BISSAU – La Commission nationale électorale (CNE) de Guinée-Bissau est sortie de son silence ce mardi pour lever le voile sur les raisons du blocage électoral, confirmant les pires craintes de la communauté internationale. L’organe électoral dénonce une attaque méthodique lors du coup d’État du 26 novembre, visant à saisir l’intégralité des résultats du scrutin du 23 novembre.
L’attaque : 45 otages et le vol des preuves
Lors d’un point de presse, le secrétaire exécutif adjoint de la CNE, Idriça Djalo, a détaillé les événements.
* Lieu et heure : Les installations de la CNE ont été envahies vers 10 heures par un « groupe d’hommes armés et cagoulés ».
* Les victimes : Environ 45 personnes ont été prises en otage, incluant des fonctionnaires, des représentants de partis, et des procureurs généraux adjoints.
* Le butin : Les assaillants ont procédé au « saccage méthodique » des bureaux, emportant tous les équipements informatiques et, surtout, les procès-verbaux de dépouillement régional (originaux) ainsi que le serveur informatique contenant le logiciel de compilation des résultats.
> L’aveu : La CNE se trouve dans l’« impossibilité totale de conclure le processus électoral » en l’absence de ces données cruciales.
Conséquences et réactions internationales
Cette déclaration apporte un éclairage crucial sur les propos tenus la veille par Leonardo Santos Simão, représentant de l’ONU, qui avait évoqué l’incapacité technique de la CNE à publier les résultats. Elle contredit également les assurances de normalisation du gouvernement de transition dirigé par le général Horta N’Tam.
Le flou sur les détenus politiques
La mission de la CEDEAO conduite par le président Julius Maada Bio a pu confirmer que les otages de la CNE ont été libérés et sont en bonne santé.
Cependant, sur la question des personnalités politiques arrêtées, « aucun engagement ferme ni échéance n’a été fourni » par les autorités militaires concernant leur libération. Le sort du candidat réfugié à l’ambassade du Nigéria, Fernando Dias da Costa, et de son principal soutien, Domingos Simões Pereira, reste une préoccupation majeure pour l’institution régionale.
La balle est désormais dans le camp de la Conférence des chefs d’État de la CEDEAO, qui doit se tenir le 14 décembre pour statuer sur la légitimité et la durée de la transition proposée par les putschistes.