L’économie mondiale devrait croître de 4,4% en 2022, selon le Fonds monétaire international. Un ralentissement dû notamment au nouveau variant du coronavirus, Omicron. L’inflation et le relèvement des taux d’intérêt assombrissent également l’horizon économique en ce début d’année.
La croissance du PIB mondial devrait atteindre 4,4% en 2022, selon le Fonds monétaire international. C’est nettement moins que ce que prévoyait l’institution de Washington en octobre. Un ralentissement de l’économie mondiale dû à de nombreux facteurs, parmi lesquels le nouveau variant du coronavirus, Omicron. L’inflation, mais aussi le relèvement des taux d’intérêt sont autant de nuages qui assombrissent, selon le FMI, l’horizon pour l’économie mondiale en ce début d’année.
Les États-Unis et la Chine à la traîne
Ce ralentissement de la croissance mondiale est essentiellement dû à une reprise moins robuste aux États-Unis et en Chine. « Cela plombe la reprise économique partout ailleurs, aussi bien dans les pays avancés que dans les pays en développement », estime Jean-Paul Pollin, professeur à l’université d’Orléans, membre du Cercle des économistes.
Dans le cas américain, l’inflation beaucoup plus élevée qu’anticipée et la persistance des problèmes d’approvisionnement plombent le redémarrage de l’économie. Mais il y a aussi ce risque lié au plan du président américain, Joe Biden, rappelle Jean-Paul Pollin : « Il s’agit de ce plan social et écologique de l’ordre de presque 1 800 milliards de dollars. Ce plan va se trouver bloqué. En même temps, la Fed, la banque centrale américaine, devra relever graduellement ses taux d’intérêt. Nous aurons en conséquence une double restriction : celle sur la politique budgétaire, mais aussi une restriction de la part de la politique monétaire. » Et cela pourrait ralentir la reprise.
Quant à la Chine, le pays doit faire face à un repli de son secteur immobilier, qui compte pour près de 30 % dans le PIB chinois. La consommation intérieure est par ailleurs plus faible, conséquence des mesures draconiennes liées à la stratégie « zéro Covid » appliquée par Pékin. Jean-Paul Pollin pointe par ailleurs la question du pétrole.« L’augmentation du prix de l’or noir va, bien sûr, avoir un effet inflationniste. Mais elle pose également le problème de l’approvisionnement en énergie en Chine. On n’avait pas prévu, évidemment, la désorganisation à ce point des chaînes de production. »
Le reste du monde n’est pas épargné
Les incertitudes pèsent sur la croissance pratiquement partout. Seuls le Moyen-Orient et l’Asie centrale, ainsi qu’une poignée de pays, dont l’Inde, le Japon ou encore l’Argentine, font exception. Alors que les économies avancées devraient revenir cette année à leur niveau d’avant la pandémie, plusieurs marchés émergents pourraient subir une récession à moyen terme. Dans ce contexte, le FMI estime que le contrôle de la pandémie est essentiel. L’institution appelle une nouvelle fois à généraliser la vaccination dans les pays en développement.
L’Afrique stagne, pourquoi ?
C’est particulièrement vrai en Afrique. « Le pourcentage de vaccination est un élément de frein », estime Pascal de Lima, chef économiste de Economic Cell, cabinet de veille et d’analyse économiques.
Presque aucun pays n’est épargné par cette stagnation économique, observe l’économiste. Sachant qu’en Afrique du Sud, par exemple, « il est question avant tout des réformes structurelles, souligne-t-il. Elles ne sont pas assez rapides, notamment dans le domaine de la corruption et celui de l’éducation. Il y a eu, certes, énormément d’efforts qui ont été faits sur le côté éducation. Mais il manque encore de la flexibilité sur le marché du travail. Il y a des problèmes d’adéquation entre les qualifications et les vrais besoins du pays. »
Si l’on prend d’autres pays du continent, les raisons de leur ralentissement peuvent être différentes. « Au Tchad ou en Guinée, on a des problèmes de stabilité de la situation politique. Pour le Sahel, c’est plutôt la sécurité. Et c’est là aussi que la pandémie a accentué les différences entre les pays africains, poursuit-il. L’Afrique subsaharienne souffre beaucoup plus que les autres. Et en particulier, à cause du pourcentage de vaccinés, à peine 2,5% de la population est vaccinée. Mais aussi à cause de la baisse de son revenu réel, de cet équilibre à réaliser en permanence entre la dette, les dépenses et la nécessité d’avoir des recettes fiscales. Il faut parler aussi du choc climatique. Et puis, c’est une région qui est pratiquement délaissée en termes de coopération internationale. Et cela pose un vrai problème lorsqu’on a une population qui croît beaucoup. »
Selon les prévisions du FMI, les économies de l’Afrique subsaharienne devraient atteindre une croissance de 3,7% du PIB en 2022, et de 4% l’année suivante.