De nombreux citoyens camerounais hésitent encore à se faire inscrire sur les listes électorales malgré l’approche des grandes échéances. Gagnés par le défaitisme ils semblent ne pas envisager de s’inscrire sur les registres de vote.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2025 qui pourrait marquer un moment historique pour le Cameroun, de nombreux citoyens se désintéressent des inscriptions sur les listes électorales. Malgré leur dynamisme sur les réseaux sociaux autour des débats sur le panafricanisme, les Camerounais semblent réticents à remplir les conditions socio matérielles requises pour exercer leur droit de vote et ainsi satisfaire le désir de changement pourtant clamé à haute voix. À titre de rappel, la loi électorale octroie le droit de vote aux citoyens ayant atteint l’âge de 20 ans, pourvu qu’ils soient en possession d’une carte nationale d’identité (CNI) et qu’ils ne fassent l’objet ni d’une condamnation pénale ni d’une altération mentale. Il importe de souligner que le vote ici n’est pas obligatoire.
En 2013, un an après la refonte électorale et l’introduction des registres de vote biométriques, le registre national de vote enregistrait 5 445 777 inscrits. En 2018, ce registre comptait 6 600 192 inscrits, soit une hausse d’environ 20 %. Pour 2023, Elections Cameroon (Elecam), annonce l’enregistrement de 368 119 nouveaux électeurs. Toutefois, il est difficile d’interpréter ces données pour deux raisons : premièrement, l’incertitude entourant la taille réelle de la population camerounaise, le dernier Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) remontant à 2005 ; et deuxièmement, l’existence de registres de santé et de justice incomplets, ce qui signifie que, même en représentant un pourcentage beaucoup plus faible, il peut y avoir des individus inscrits sur les listes électorales qui ne sont plus en vie ou qui ont été condamnés par la justice.
Un taux d’inscription très faible
Selon un rapport du Fonds des Nations unies pour la population (2023), le Cameroun compterait 28 millions d’habitants en 2022. Sur cette base, le registre national de vote représenterait environ 24 % de la population, un pourcentage qui change si l’on compare les inscrits avec la population en âge de voter (ayant donc plus de 20 ans).
Un autre rapport, de l’Institut national de la statistique cette fois (et qui date de 2019), indique que plus de la moitié de la population du pays a moins de 20 ans, que les moins de 15 ans représentent 42,5 % de l’ensemble de la population, et que les 65 ans et plus s’élèvent à seulement 3,6 %.
Désintérêt et défaitisme
Interrogés sur la question de l’inscription sur les listes électorales, Patrick 55 ans réponds « je n’ai jamais voté et je ne voterai jamais parce que nous connaissons déjà les résultats. Ceux qui sont au pouvoir depuis 41 ans ne perdent jamais. Tout est fait en leur avantage pour que ce soit toujours eux qui gagnent. Moi je n’ai pas de temps à perdre. Je dois trouver à manger pour ma famille. Les questions politiques ne m’intéressent pas. C’est une perte de temps ». Gabriel a 40 ans, il est cadre dans une société de la place. « Je ne peux m’inscrire la bas. Depuis que je suis né je n’ai connu qu’un seul chef d’état. Pour moi c’est du pareil au même. Je ne rêve plus, je sais que si ce n’est pas lui, c’est un des siens » Les dés semblent pipés, les populations manifestent ouvertement leur désintérêt par rapport à la chose politique.