23 janvier 2025, 4:15 am

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La Note : Plier sans rompre

Depuis deux ans déjà, le pauvre enseignant du Cameroun se bat à revendiquer ses droits. On peut dire en vain, puisque c’est une bataille jusque-là sans résultat, sans espoir de changement, au regard de la manière et des moyens utilisés par le gouvernement pour endormir les seigneurs de la craie. C’est que justement le Cameroun c’est le Cameroun. Pays de beaux discours endormants, de rhétorique sadique, de la duperie à ciel ouvert. Pourtant en 2022, le Président de la république avait pris à bras le corps la question lancinante de la résolution des problèmes des enseignants.

Il avait alors émis une batterie de mesures, qui, si elles étaient appliquées auraient pu redonner du sourire à nos enseignants.  Sauf qu’au Cameroun aujourd’hui, on se moque même des orientations et injonctions venant du chef de l’Etat. Sinon comment justifier la non application des mesures présidentielles au sujet des enseignants ? Sinon comment justifier les grèves actuelles ? Un ministre de la république tirait la couverture du gouvernement la semaine dernière en affirmant que les enseignants sont de mauvaise foi.

Quelqu’un qui revendique une chose à laquelle il a droit et qu’il n’a pas eue est certainement de mauvaise foi ! Cette définition à la camerounaise traduit à suffisance le manque de volonté de qui de droit à résoudre de manière définitive ce problème. Et visiblement, c’est fait à dessein, pour des raisons que nous ne pouvons justifier. Le Cameroun manque-t-il d’argent pour cette noble cause ? Personne ne peut y croire, sinon comment justifier le fait que l’on continue de contractualiser les instituteurs par milliers chaque année ? Sinon comment justifier que l’on continue de recruter les enseignants issus des écoles normales d’enseignement supérieur par milliers chaque année ? L’Etat du Cameroun peut-il réellement procéder à tous ces recrutements sans pour autant être sûr  de payer tout ce personnel ? Difficile à croire, impossible même. Notre pays dispose des ressources capables de répondre efficacement à ce besoin, et à longs termes.

C’est en effet qu’une main méchante plombe les efforts du chef de l’Etat. Entretemps c’est le pauvre enseignant qui souffre sur le terrain. Affecté dans des zones éloignées au moment du recrutement sans prise en charge, il est  abandonné à lui-même. Sans salaire, ni ration, ni soins infirmiers en cas de maladie, le pauvre enseignant se bat tout seul dans un environnement très souvent hostile pour garder la tête hors de l’eau, avec pour seule motivation l’espoir. Cet espoir vendu dans les discours politiques, et qui finit par échouer aux pieds de la réalité. Combien sont-ils, ces seigneurs de la craie qui ont laissé leur vie dans les villes et villages en voulant simplement faire leur travail ?

Combien sont-ils, ces enseignants installés dans leur poste d’affectation sans prise en charge et qui supportent les affronts de tout bord, au point de se consoler en se mettant en couple soit avec des hommes qui peuvent fournir à manger à la maitresse, soit alors avec des femmes qui peuvent offrir un maigre repas au maitre ? Entretemps, ce sont des foyers qui se brisent, d’ailleurs on s’en fout plus haut, on veille rigoureusement à ce que vous soyiez à votre poste de travail, quel que soit le cas. On est ainsi quotidiennement abreuvé des convocations servies aux enseignants dans les commissariats et postes de gendarmerie, on assiste à une augmentation de la pression administrative sur les enseignants qui osent lever le petit doigt pour observer les consignes des syndicats. Pourtant ils ont dit que toutes les mesures administratives visant l’allègement des procédures de contractualisation ont été prises. Pourtant ils ont rassuré l’opinion publique nationale et internationale sur la prise en charge rapide des enseignants et l’allègement à brève échéances de leurs peines et douleurs sur le terrain.

Pourtant aussi, certains sont à leur poste d’affectation depuis des décennies sans contractualisation, sans prise en charge. Ce que l’on attend d’eux, c’est du stoïcisme. « Souffrir sans crier ni gémir….mais faire sa longue et lourde tâche dans le sens ou le sort a bien voulu les conduire », accepter de souffrir, plier et plier, « sans rompre » surtout, et si la mort arrive, partir, tirer sa révérence en silence.

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