L’organisation intergouvernementale veut lancer un observatoire de la dette de ses 55 Etats membres tel un système d’alerte précoce.
Selon un rapport publié récemment par le Fonds monétaire international (FMI), « 60% des pays africains courent un risque élevé de surendettement.» Dans le même sillage, l’Organisation non gouvernementale (ONG) britannique Debt Justice dans une étude rendue publique en juillet 2022 confiait que les dettes extérieures cumulées des pays africains s’élèvent à 696 milliards de dollars soit une enveloppe de 430 200,5 milliards de Fcfa. Dans le détail, 35 % de ces stocks de dettes sont dus à des créanciers privés occidentaux, contre 12 % dus à des créanciers chinois, 39% à des institutions multilatérales (Banque mondiale, FMI, BAD, etc.) et 13% à d’autres créanciers bilatéraux publics.
À l’heure de l’aggravation du surendettement de ces pays à faible revenu, les défis auxquels sont confrontés ces Etats en situation de fragilité et de conflit ne font qu’exacerber le phénomène. Ces pays sont en outre confrontés à toutes sortes de difficultés : dépenses considérables en matière d’infrastructures et de financement public de la reconstruction ; espace budgétaire limité par les dépenses de sécurité ou par l’incapacité à mobiliser des ressources dans des régions en dehors du contrôle de l’État; déclin du développement du secteur privé dû à la montée des incertitudes et à la faiblesse de l’état de droit. Ce de contexte appelle des mesures urgentes et robustes de gestion des finances publiques et de gestion de la dette publique dans ces pays.
Pour améliorer le danger de surendettement de ses 55 pays membres dont le Cameroun, l’UA, lors de son 36ème sommet tenu à Addis-Abeba en Éthiopie a émis quelques propositions. Entre autres, la mise en place d’un système d’alerte précoce. « Il s’agira d’un observatoire de la dette qui nous permettra de surveiller les situations d’endettement. Nous avons l’intention de disposer de données en temps réel concernant la gestion de la dette dans tous les pays d’Afrique », a déclaré Albert Muchanga, le commissaire de l’UA pour le développement économique, le commerce, le tourisme, l’industrie et les mines lors d’une conférence de presse tenue à Addis-Abeba. L’initiative vise également à créer une banque de données sur « les situations budgétaires des divers pays membres de l’UA, » a-t-il ajouté. A en croire nos confrères de « Tchad Infos.com », l’observatoire de la dette constitue la première initiative du genre lancée par l’organisation panafricaine, qui se concentre généralement sur l’aspect politique de ses pays.
Face à l’augmentation des risques d’endettement et d’augmentation des besoins de dépenses des pays africains, l’action de cette organisation intergouvernementale s’attache tout particulièrement à améliorer la gestion budgétaire dans ces pays.