Editorial

Occident, attention ! Les rapports de force s’inversent

Lorsque des Etats nouent ensemble des relations diplomatiques, c’est en général dans le but de créer des échanges, et surtout de travailler à l’entretien des intérêts de chacun dans ses missions auprès de l’autre. Dans les relations entre les pays occidentaux et les pays africains, l’on a bien décelé le travail acharné des pays d’ailleurs pour s’assurer que leurs intérêts ne souffrent de rien, mais autre constatation, ils se sont toujours assurés de maintenir en soumission les Etats avec lesquels ils sont censés coopérer, d’alimenter par la terreur, des menaces de mort, de rupture « d’aide » et du chantage, leurs relations avec les pays « amis » ; le fonctionnement est similaire pour les organisations, les institutions issues du même bloc et créées pour préserver ses intérêts dans le monde.

Mais, il est peut-être important de rappeler aux pays occidentaux que la donne a changé ! Les rapports de force se sont inversés. Le 10 octobre 2023, les autorités de transition au Niger ont dans un communiqué signé du Ministre des affaires étrangères, ordonné à l’ambassadeur coordonnateur Résident du Système des Nations Unies, Mme Louise Aubin de « prendre toutes les dispositions utiles pour quitter Niamey sous soixante-douze heures ». Une décision assez drastique, mais à la hauteur des agissements du camp opposé.

En effet, le Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie a dénoncé des « manœuvres sournoises » du Secrétaire des Nations-Unies « sous l’instigation de la France » qui tendait à empêcher la participation du Niger à la 78e Assemblée Générale de l’ONU ; mais pas seulement, le gouvernement renseigne que du 25 au 29 Septembre 2023 à Vienne et du 01er au 05 Octobre de l’année en cours, à Riyad, le sabotage des participations du Niger s’est poursuivi par les mêmes commanditaires.

Des attitudes qui ne sauraient empiéter sur la transition du Général TIANI qui est décidé à faire comprendre à la France et ses alliés que la politique nigérienne sera désormais l’affaire des nigériens, les ressources nigériennes seront désormais des propriétés nigériennes, rien ne sert de manigancer ou d’opérer par les menaces. Un langage que peine encore à comprendre Paris, et pourtant, les rapports de force s’inversent. Le 7 aout 2023, Air-France suspend ses vols à destination du Mali et du Burkina Faso, sans explication viable, les gouvernements malien et burkinabè ont fait une chose : ils ont tout simplement pris acte de cette décision. Sous d’autres cieux, supplications, tentatives de rétablissement auront été légions, mais nous avons plutôt assisté à la loi de la réciprocité. La société AIR-France, elle-même vient de décider de rétablir ses vols dès le 14 Octobre 2023, sans appel à revoir sa décision.  

En Mars 2023, le Mali récusait officiellement le statut de Porte-plume de la France pour les résolutions concernant Bamako au Conseil de sécurité. Avant cela, en aout 2022, le même pays déposait une plainte contre la France à l’ONU et demandait une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité (qui jusqu’ici reste étouffée) et tout récemment, les autorités maliennes ont déposé une plainte contre la Minusma pour espionnage. En Avril 2023, l’Ambassadeur d’Allemagne au Tchad, était expulsé, le gouvernement de transition avait notifié que sa décision était motivée par « l’attitude discourtoise et le non-respect des usages diplomatiques tels que prescrits par la convention de Vienne. », à cette période, N’DJAMENA était pourtant en plein pourparlers avec l’Union Européenne pour espérer un appui financier dans l’organisation du référendum de décembre 2023 ; mais pas question de céder au chantage !

Au Gabon, même si le renversement d’Ali Bongo n’a pas réussi jusqu’ici à être considéré comme une révolution, les autorités de transition ont réinstauré l’obligation de visas pour tous les ressortissants des pays de l’Union Européenne et en pole position, la France, au nom du « principe de la Réciprocité », alors qu’en Février, le Président déchu Ali Bongo décidait que tout français et ressortissant de l’U.E était chez lui au Gabon, et n’avait donc plus besoin de Visa pour y séjourner. Aux deux dernières Assemblées Générales des Nations unies, le Chef de l’Etat Centrafricain, Pr Faustin Archange Touadera déclarait que son pays ne sera plus jamais « un terrain de bataille géopolitique où les centrafricains et leurs richesses seront sacrifiés sur l’autel », tout en louant l’arrivée du nouvel ordre mondial qui ne tardera pas à se former pour rendre justice aux Etats pillés.

Le Centrafrique qui assume aujourd’hui ses partenariats stratégiques a dit non à cette injonction française qui l’instruisait de faire partir les russes aux fins de préparer un retour splendide des militaires français sur son territoire.  A l’aune de ce ramassis de faits, on est en droit de penser que les gouvernements actuels, exceptés quelques collaborateurs encore aux affaires, n’ont rien en commun avec ceux des années 60 qui restaient sous le joug colonial, parce que guidés par leur crainte. Mais l’on se souvient des dirigeants comme Thomas Sankara célébré ce 15 octobre 2023, qui avait choisi de lutter pour la liberté de son peuple à une époque où l’influence française et occidentale en général était au pic, assassiné, ses idées et ses combats ressurgissent et imposent l’inversement des rapports de force dans ce que l’on nomme les relations diplomatiques.

« L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. » disait le leader du pays des hommes intègres, de même les dirigeants qui n’arrivent pas à prendre fait et cause pour leur peuple ne méritent pas qu’on les plaigne. Toutefois, quelques interrogations restent : l’Occident est-il prêt à faire face à cet inversement ? Les dirigeants qui demeurent à la solde de leurs maitres du bloc de l’Ouest, sont-ils préparés à ce qui les attend ?

Redigé par:

Begoude Madonne

Source:

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