Le président Yoweri Museveni, dont le gouvernement est souvent accusé de manquer de volonté politique pour endiguer la corruption, a ordonné une enquête de grande envergure et surtout d’inculper les personnes jugées responsables du détournement de fonds public.
Si nous étions sur un plateau de tournage cinématographique, le titre de ce qui se passe dans le gouvernement Ougandais serait « SCANDALE DE CORRUPTION KARAMOJA ». Selon un porte-parole du gouvernement, Ofwono Opondo,pas moins de 26 membres du gouvernement qui compte 82 ministres et ministres d’État, parmi lesquels le vice-président et le premier ministre, «risquent des poursuites pénales pour corruption».
Une trentaine de parlementaires sont également visés dans cette affaire. Selon la police, outre cette trentaine de législateurs, la présidente du parlement est aussi concernée. Tous les ministres et parlementaires qui sont liés au détournement des plaques de tôle destinées au Karamoja et, conformément aux instructions du président, tous doivent être traduits en justice et répondrent aux accusations s’ils sont jugés coupables. Mercredi 19 Avril la ministre d’État aux Affaires du Karamoja, Agnès Nandutu, a été placée en détention provisoire dans l’attente de sa comparution devant un tribunal le 3 mai.
La ministre aux Affaires du Karamoja, Mary Goretti Kitutu, et le ministre d’État en charge des Finances, Amos Lugoloobi, ont déjà comparu devant la justice et été libérés sous caution. Cette affaire a suscité un tollé dans ce pays d’Afrique de l’Est où la corruption est endémique et les poursuites rares. Le président Yoweri Museveni, qui est aux affaires depuis 1986, a personnellement assuré que «toutes les personnes impliquées seront traitées de manière appropriée».
Située dans le nord-est de l’Ouganda, aux frontières du Kenya et du Soudan du Sud, la région du Karamoja est la plus pauvre du pays. Catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, glissements de terrain), invasions de criquets et de chenilles légionnaires ainsi que d’incessants vols de bétail ont plongé une grande partie de ses habitants dans la faim. Lors de l’arrestation de Mary Goretti Kitutu, le chef de l’opposition ougandaise, Bobi Wine, avait dénoncé un «écran de fumée», accusant le gouvernement de Yoweri Museveni de bien pire.