Politique

OUGANDA : LE CHANTEUR BOBI WINE, GRAND FAVORI A L’ELECTION PRÉSIDENTIELLE

Icône de la jeunesse, le chanteur et acteur de 38 ans est  le principal adversaire du président Yoweri Museveni. Son mouvement politique s’appelle People Power (« pouvoir du peuple »). Il est le favori de l’élection présidentielle de ce 14 janvier. Sur onze candidats, le  favori c’est, Bobi Wine, Robert Kyagulanyi de son vrai nom. En 2010, il avait sorti une chanson intitulée « U want another rap ! », rapidement devenu un hit.

 À 76 ans, il fait face à un vrai rappeur, reggaeman et acteur très populaire dans son pays : Robert Kyagulanyi alias « Bobi Wine », bientôt 39 ans, élu député en 2017. « Ma génération a subi les échecs de ce vieux régime dictatorial et corrompu qui nous a réduits à la pauvreté, nous a privés de bonne éducation et nous a volé notre jeunesse », déclare-t-il depuis Kampala, lors d’un entretien téléphonique accordé au Monde.

Il avait 3 ans et vivait dans l’un des bidonvilles de la capitale lorsque Yoweri Museveni, alors rebelle marxiste et panafricaniste, prenait le pouvoir par les armes en janvier 1986. Comme près de 80 % de la population âgée de moins 30 ans, l’une des plus jeunes du continent africain, Bobi Wine n’a connu qu’un seul dirigeant, héros de la libération devenu, au fil des décennies, un autocrate répressif. Ils ont 38 ans d’écart, et deux parcours diamétralement opposés. Yoweri Museveni a grandi dans une famille modeste de l’Ouganda rural de l’Ouest du pays. « Il vient d’une communauté de nomades. Son père était un éleveur, explique Don Wanyama, le porte-parole du chef de l’État. À sa majorité, il a commencé à s’engager pour que sa communauté se sédentarise, en travaillant les terres notamment. »

Le futur président quitte ensuite sa région pour poursuivre ses études à Dar es-Salaam, en Tanzanie. À l’université dans les années 1960, il se rapproche de groupes militants contre le colonialisme, avant de s’engager dans la guérilla au Mozambique, sa première expérience militaire. Après l’élection contestée du président Milton Obote en 1980, Yoweri Museveni décide de revenir dans son pays natal pour créer la NRA (Armée de résistance nationale), un mouvement de rébellion contre le régime. « Il a décidé de prendre les armes quand il a vu que l’élection était faussée et que la population était assujettie au régime », explique Don Wanyama.

Yoweri Museveni le considère aujourd’hui comme un « traître », un « agent de l’étranger » soutenu par des personnalités occidentales et africaines, comme l’écrivain nigérian Wole Soyinka, Prix Nobel de littérature en 1986. Surnommé « le président du ghetto », lechef de file de l’opposition, porte-voix d’une partie de la jeunesse ougandaise désillusionnée, est devenu une cible à neutraliser pour le régime politico-militaire.

Bobi Wine, dont le mouvement politique s’appelle People Power (« pouvoir du peuple ») est devenu une icône de la jeunesse urbaine, mais pas seulement. Sa popularité s’est étendue à certaines régions rurales, traditionnellement acquises à Museveni. L’artiste a mené campagne comme il a pu, entravé par la Commission électorale, réprimé par les forces de sécurité qui ont interpellé la plupart des membres de son équipe – pour certains détenus dans des lieux inconnus – et qu’il accuse d’avoir tué son chauffeur, son garde du corps et des sympathisants. Lui-même a été plusieurs fois arrêté, incarcéré, torturé et menacé de mort.

Au cours de la campagne, chacun de ses meetings a drainé des foules et provoqué des heurts avec les policiers et les militaires, qui n’ont pas hésité à ouvrir le feu, à procéder à des arrestations massives et à violenter des journalistes. Au moins 54 personnes ont été tuées entre le 18 et le 20 novembre 2020 à la suite de l’arrestation et de la brève détention de Bobi Wine et d’un autre candidat, soulignent les Nations unies. Le 8 janvier, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a dénoncé « la répression croissante des figures de l’opposition par le gouvernement » ougandais.

Surveillé en permanence et redoutant d’être assassiné, Bobi Wine a troqué son fameux béret rouge de révolutionnaire pro démocratique pour un casque en kevlar et apparaît en public engoncé dans son gilet pare-balles. Soutenu par un cabinet de lobbying américain, il a déposé, début janvier, une plainte à la Cour pénale internationale (CPI), espérant déclencher une enquête sur les violations « systématiques » des droits de l’homme par Yoweri Museveni.

Redigé par:

Epiphanie Gueyop

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