Les prises de position se multiplient contre un projet de loi controversé sur la « congolité ». Des premiers concernés aux évêques catholiques, en passant par des formations politiques et associations de la société civile, en République démocratique du Congo, la colère ne baisse pas dans les chaumières.
En République démocratique du Congo (RDC), un projet de loi veut interdire l’accession à la magistrature suprême et à d’autres fonctions régaliennes à toute personne née d’un parent non congolais. Le texte initié par Noël Tshiani, candidat à la présidentielle de 2018, a été déposé au bureau de l’Assemblée nationale le 8 juillet 2021 par le député Nsingi Pululu. S’estimant directement visés par ce projet de loi, des membres de l’Association des métis au Congo (Asmeco) ont manifesté devant le siège du Parlement et déposé vendredi un mémorandum, dans lequel ils expriment leur opposition à cette « loi discriminatoire ».
D’autres manifestations sont annoncées jusqu’à ce que cette loi soit annulée. Pour bon nombre de congolais cette proposition de loi « sur la congolité est injuste, ambiguë » et vise à « nuire à une catégorie de Congolais ». Dans le souci de « préserver la paix, la concorde, la tranquillité et la cohésion entre Congolais », l’Asmeco exhorte les élus à la « rejeter ». La très influente conférence épiscopale, par la voix de son secrétaire général l’abbé Donatien Nshole, a également dénoncé une « loi dangereuse », qui « menace la paix sociale ».
Dans plusieurs villes du pays, des manifestations contre cette loi ont été organisées par des partis politiques et des organisations de la société civile. Si cette loi était adoptée, l’homme d’affaires Moïse Katumbi par exemple, candidat déclaré à la présidentielle prévue en décembre, serait exclu de la course, puisque son père était italien. Dans l’histoire récente de la RDC, des Congolais dont les deux parents n’étaient pas congolais ont occupé différents postes de responsabilité et se sont portés candidats à la présidentielle.