Le 10 décembre dernier, les Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO se sont réunis à Abuja au Nigéria à l’occasion de la 64ème session ordinaire de l’Organisation Ouest africaine. Sur la table des discussions : la démocratie et la bonne gouvernance, les processus de transition dans la région, la situation humanitaire, les performances économiques et surtout la situation politique en République du Niger. À l’issue des travaux présidés par le chef de l’État nigérian, Bola Ahmed Tinubu, la Conférence des Chefs d’État de la CEDEAO a décidé du maintien des sanctions économiques et financières y compris la menace d’une intervention militaire. Cependant, de nouvelles conditions sont imposées aux autorités nigériennes à qui la CEDEAO intime l’ordre de libérer sans délai le Président déchu Mohamed Bazoum et de proposer une durée de transition courte. Une approche qui tranche avec la vision des dirigeants nigériens.
C’était l’un des principaux rendez-vous politique sur le continent en cette fin d’année 2023, la 64ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO. Et au-delà de toutes les attentes, ce sommet a moins témoigné d’une Afrique maîtresse de son destin que d’une Afrique sous influence, aux ordres de maîtres lointains.
Le moins que l’on puisse dire est que cette CEDEAO se comporte plus comme un Syndicat de chefs d’État, qu’une CEDEAO au service des peuples. La présence à Abuja de la Secrétaire adjointe des États-Unis chargée des affaires africaines en est une parfaite illustration, elle dont le but était de mener des consultations avec les dirigeants Ouest – africains sur la manière dont Washington pouvait soutenir les efforts régionaux et remettre le Niger sur la voie de la démocratie.
Situation politique en république du Niger
Au Niger, la prise de pouvoir par les militaires le 26 juillet 2023 n’a pas laissé la CEDEAO indifférente. Après avoir infligé des sanctions inhumaines, illégales et injustifiées à Niamey, la Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO avait à Abuja, l’occasion de se racheter mais surtout de renouer le dialogue avec les nouvelles autorités qui de leur côtés ont multiplié ces derniers mois plusieurs initiatives allant dans ce sens. Hélas, on a très vite déchanté face une fois de plus à l’attitude discourtoise voire méprisante de cette institution qui au lieu de procéder à la levée des sanctions, a brillé par des injonctions à l’endroit des autorités réunies au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).
En effet, la CEDEAO conditionne la reprise du dialogue, à une transition courte pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel et donc des civils au pouvoir ainsi que la libération immédiate et sans condition du président déchu Bazoum Mohamed, des membres de sa famille ainsi que des dignitaires de son régime actuellement détenus. Conditions préalables pour un assouplissement progressif des sanctions imposées au peuple nigérien. Aussi, la Conférence decide de mettre en place un Comité des Chefs d’État composé de S. E Faure Gnassingbé, président de la République Togolaises, S. E Julius Madaa Bio, président de le République de Sierra Leone, et des représentants du président de la République fédérale du Nigéria pour engager le dialogue avec le CNSP et les autres partie prenantes nigériennes. Une approche qui suscites d’autres interrogations : quand Est-ce que les présidents Faire Gnassingbé et Julius Madaa Bio se rendront- ils à Niamey ? Quel accueil leur sera réservé ? Les autorités nigériennes se résoudront- elles à libérer comme l’exige la CEDEAO Mohamed Bazoum ?
Démocratie et bonne gouvernance
Guinée-Bissau
La Conférence des chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO a condamné fermement les violences qui ont éclaté à Bissau le 1er décembre 2023, motivées par la volonté de perturber l’ordre constitutionnel et l’Etat de droit dans le pays. Dans sa démarche, l’Organisation ouest africaine loue l’action des éléments loyaux des forces de sécurité de la Guinée-Bissau et exprime sa solidarité avec le peuple et avec l’autorité constitutionnelle de Guinée-Bissau. Par ailleurs, la Conférence engage la Commission à accompagner la Guinée-Bissau dans ses efforts de consolidation de la démocratie, de la paix et de ‘à stabilité, notamment par l’achèvement des travaux de révision en cours de la Constitution et la réforme urgente du secteur de la Défense et de la sécurité.
Sierra Leone
La Conférence a fermement condamné la tentative de coup d’État du 26 novembre 2023, ayant occasionné des pertes en vies humaines et la destruction des biens elle exhorte les instances judiciaires à diligenter des enquêtes rigoureuses et transparentes sur ces événements, en vue d’en identifier les auteurs ont et les traduire en justice. La Conférence instruit la Commission de continuer à accompagner la Sierra Leone dans le cadre de ces efforts. Elle l’engage également à faciliter le déploiement d’une mission de sécurisation de la CEDEAO en Sierra Leone pour aider à stabiliser le pays.
Sénégal
Les Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO prennent note des préparatifs en vue de l’élection présidentielle du 25 février 2024 et exhorte le gouvernement et les parties prenantes au processus électoral à continuer d’accorder la priorité à l’inclusivité et à la transparence en vue de la tenue du scrutin. La Conférence invite vivement toutes les parties prenantes à veiller au respect strict des normes constitutionnelles, des protocoles de la CEDEAO et de l’État de droit dans la gestion du processus électoral et d’autres questions connexes, afin de renforcer davantage la culture démocratique du pays.
Lutte contre le terrorisme
Le sommet d’Abuja a également été l’occasion de définir le cadre de la lutte contre le terrorisme menaçant la paix en Afrique de l’Ouest. Dans le communiqué final, les Chefs d’État ordonne à la Commission de reprendre sans délai les mesures visant à activer la force en attente de la CEDEAO en mode cinétique, pour mener des opérations de lutte contre le terrorisme dab les zones infestées par les Groupes Armés Terroristes (GAT).
Situation humanitaire
Les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont exprimé leur profonde préoccupation face à la situation humanitaire désastreuse qui prévaut dans la région, continuant d’affecter l’éducation, les moyens de subsistance et de bien-être des populations les plus touchées, en particulier les enfants et les femmes. Accès égard, la Conférence demande à la Commission de fournir des ressources et un appui aux populations se trouvant dans une situation humanitaire difficile dans la région.