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Surliquidité bancaire : Comprendre le phénomène

Depuis plus de 02 ans, les rapports issus de la BEAC signalent au rouge, le fait que les banques Africaines en général et camerounaises en particulier sont en surliquidité financière. Cette situation inquiète les experts du secteur bancaire qui y voient un véritable frein au développement du secteur de la monnaie.

La surliquidité bancaire est citée parmi les phénomènes qui entravent le développement économique de l’Afrique. Directement lié aux habitudes de consommations des populations africaines, ce problème constitue un des principaux freins au fonctionnement d’une économie saine, dans des pays qui se classent en voie d’émergence. Pour mieux comprendre le phénomène il faut se poser une question : Que devient le capital généré par un pays ? Comment est-il transformé pour fructifier et comment les investissements, ou l’absence d’investissements constituent un danger pour l’équilibre financier d’un État.

Comprendre ce qu’est la surliquidité bancaire, c’est déceler un des facteurs clés du processus de croissance économique. Pour comprendre la question de la surliquidité, il faut d’abord enlever le préfixe et comprendre le concept de liquidité. La liquidité est la facilité avec laquelle un actif (action, obligation, devise, immobilier…) peut être transformé en monnaie de banque centrale (seule monnaie acceptée de tous).

Impacts sur l’investissement

Il est facile de comprendre pourquoi la liquidité d’un actif intéresse les investisseurs et les autorités de régulation (des banques, des marchés financiers et des marchés d’assurance). Lorsqu’un investisseur envisage d’acheter un actif, il aimerait qu’il soit liquide afin de pouvoir le vendre lorsqu’il le souhaite (par exemple lorsque son prix a beaucoup augmenté et qu’il a la possibilité de faire une plus-value). Certains actifs sont illiquides par nature. C’est le cas de l’immobilier physique et certains compartiments de l’immobilier papier. Par exemple si vous possédez un appartement, le vendre vous prendra quelques mois (délai lié à la procédure même lorsque vous trouvez un acheteur tout de suite). On parle de surliquidité bancaire lorsque la banque a collecté une épargne qui ne se retrouve pas dans les crédits octroyés aux clients.

 Il faut se rappeler les deux métiers de base d’une banque : collecter l’épargne des agents économiques dont les revenus de la période sont supérieurs aux dépenses de la période (encore appelés agents à capacité de financement) et la mettre à la disposition des agents économiques qui sont dans une position contraire (agents à besoins de financement). La période peut être le jour, le mois, l’année ou davantage. Supposons qu’au cours d’une période, la banque a collecté plus d’épargne qu’elle n’en a octroyée de crédits, elle peut acheter des titres. Si le client qui a placé son épargne souhaite la récupérer, la banque peut être obligée de vendre ces titres. Si ceux-ci ne sont pas liquides, elle ne peut satisfaire tout de suite la demande du client. Ce qui la mettra en difficulté. On parle de surliquidité bancaire lorsque la banque a collecté une épargne qui ne se retrouve pas dans les crédits octroyés aux clients. Elle garde donc cette épargne dans ses comptes et quelques fois, elle la place auprès de la banque centrale.

Cela dit, la question de la surliquidité bancaire est difficile à appréhender en Afrique à cause de la défaillance du système d’information. En effet, la monnaie qui est créée dans un pays correspond à la richesse produite dans ce pays. N’oublions pas la fonction de base de la monnaie : permettre une circulation dans le temps (d’aujourd’hui à demain) et dans l’espace (d’une ville à une campagne ou inversement) des biens réels. Comme la création de richesse est très mal mesurée en Afrique du fait du poids de l’informel, il est difficile de savoir si la quantité de monnaie créée correspond à la richesse produite. Dans les zones BEAC et UEMOA, même si les cadres ont été africanisés, la politique monétaire est encore gérée depuis Paris

Véritable problème économique

La surliquidité bancaire est un problème lorsque les projets ne peuvent être financés parce que les banques ne veulent pas prêter. Or pour qu’une banque prête à un client, elle a besoin d’avoir un minimum d’informations fiables sur le client. Le problème en Afrique est que le plus souvent, l’information n’est pas fiable, tout simplement parce que le système le permet. Comment comprendre qu’aujourd’hui, on trouve des entreprises qui annoncent des chiffres d’affaires de l’ordre du milliard de F CFA (plus de 1,5 million d’euros) et qui sont dans l’informel (pas de comptabilité.

La surliquidité est néfaste pour l’économie d’un pays dans la mesure où elle ne permet pas de financier l’investissement. Dans des pays comme les nôtres, où les marchés financiers sont quasi-inexistants, le financement bancaire est essentiel. La micro-finance ne peut pas financer les projets d’une certaine taille. Par conséquent, le financement bancaire est indispensable. Or, sans investissement, pas de création de richesse. Pas de recul de la pauvreté. Finalement, la surliquidité est un problème plus ou moins visible en fonction des périodes et des contraintes économiques des pays.

 Et sur le continent africain ? La quasi-totalité des pays d’Afrique sub-saharienne sont concernés même si c’est à des degrés divers. Quelques progrès ont été réalisés ces dernières années mais le chemin à parcourir est encore long. Tous les secteurs de l’économie ont besoin de se financer. L’incapacité des banques à répondre favorablement à des demandes de crédit impacte tous les secteurs. Aucun secteur n’est à l’abri.

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