La Russie et l’Ukraine, toutes deux souvent désignées comme le grenier à blé du monde, sont des acteurs majeurs de l’exportation de blé et de tournesol vers l’Afrique. L’Afrique du Nord (Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie), le Nigéria en Afrique de l’Ouest, l’Éthiopie et le Soudan en Afrique de l’Est, et l’Afrique du Sud représentent 80 % des importations de blé. La consommation de blé en Afrique devrait atteindre 76,5 millions de tonnes d’ici 2025, dont 48,3 millions de tonnes, soit 63,4 pour cent, devraient être importées en dehors du continent. Depuis que la Russie a lancé son opération spéciale militaire en Ukraine l’an dernier, les sanctions mondiales imposées au Kremlin ont eu de sévères répercussions sur la chaîne d’approvisionnement des pays Africains. La Russie et l’Ukraine sont deux majeurs acteurs de l’exportation de blé et de tournesol vers l’Afrique. 12 mois après à quel niveau se situe l’impact ?
Un impact palpable
Le conflit a probablement un impact sur la sécurité alimentaire en Afrique. Tant par la disponibilité et les prix de certaines cultures vivrières, notamment le blé et le tournesol, que par la reprise et la croissance socio-économiques, déclenchées par les incertitudes croissantes sur les marchés financiers mondiaux et les systèmes de chaîne d’approvisionnement. L’impact le plus visible de la guerre sur l’Afrique est la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires, l’inflation et l’instabilité financière. Les plus pauvres sont les plus durement touchés car une grande partie de leurs dépenses de consommation est consacrée à la nourriture et aux transports.
En l’espace de quelques semaines, les prix mondiaux du blé, du tournesol et du pétrole brut ont grimpé à des niveaux sans précédent. Faut-il le rappeler, l’Afrique dépend fortement des importations alimentaires des deux pays, et le continent subit déjà des chocs de prix et des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement de ces produits de base. Au cours de la dernière décennie, le continent a connu une demande croissante de cultures céréalières, notamment de blé et de tournesol, qui a été principalement soutenue par les importations plutôt que par la production locale.
Les importations de blé de l’Afrique ont augmenté de 68 % entre 2007 et 2019, pour atteindre 47 millions de tonnes. L’insécurité alimentaire étant susceptible de persister, elle pourrait avoir un impact négatif sur tous les aspects du développement humain, des revenus à la santé et à l’éducation en Afrique. Les sanctions européennes contre la Russie en raison de la guerre en Ukraine imposent un embargo qui pousse les produits pétroliers russes à être redirigés vers d’autres acheteurs. Cela déséquilibre les flux d’approvisionnement à l’échelle mondiale et le prix du brut augmente ainsi que le coût du raffinage.
La Russie prévoit d’ailleurs de diminuer en mars sa production de pétrole en réponse aux sanctions européennes qui imposent un embargo sur le pétrole russe et un plafonnement de son coût de livraison vers d’autres destinations. L’embargo a également été élargi dimanche aux produits raffinés.