25 années après la chute du règne dictatorial mené en République démocratique du Congo, par Mobutu roi du Zaïre, force est de constater que les Congolais vivent toujours dans des conditions sociales déplorables avec des salaires faibles et un pouvoir d’achat largement insuffisant. Un autre fait majeur, l’insécurité qui dicte sa loi dans la partie Est du pays. Et pourtant ce fameux 17 mai 1997 symbolisait la libération du pays mais aussi l’entrée des troupes de l’alliance des forces démocratiques à Kinshasa avec à leur tête Laurent Désiré Kabila qui a dirigé le pays de 1997 à 2001 année de son assassinat. Un homme traître pour les uns et martyr pour les autres. Des qualificatifs qui n’ont pas été à l’honneur durant les dix-huit années de solitude de Joseph Kabila, qui est passé du statut de partenaire docile de l’occident à celui de paria avant de céder officiellement sa place à Félix Tshisekedi en 2019.
25 années après l’instabilité est toujours d’actualité en RDC
Conflit ouvert, corruption et ingérence économique, voilà à quoi se résume le quotidien de ce pays de l’Afrique centrale richesses et ressources naturelles (milliers d’hectares de terres arables et de forêt, potentiel hydraulique, hydrocarbures, minerais, cobalt, cuivre, zinc, argent, germanium, uranium, or, coltan, étain, diamant). Après une longue période sous domination coloniale belge, la RDC accède à l’indépendance en 1960 puis connaît une période quasi-dictatoriale sous Mobutu qui commence en 1965 et s’achève en 1997, avec le début de la première guerre du Congo dont les plaies ne sont pas encore refermées.
Depuis lors, le pays a connu trois présidents, Laurent-Désiré Kabila et son fils Joseph Kabila, qui l’un comme l’autre n’ont pas encore été en mesure de mettre un terme à la guerre qui a déjà fait entre 4 et 8 millions de morts selon les estimations, et qui continue de ravager le territoire, et particulièrement sa population civile. Malgré de nombreuses tentatives d’accord de paix impulsées par Kabila fils, la guerre n’est toujours pas achevée et le pays reste à la merci des mouvements d’alliances entre factions rebelles dont les revendications et allégeances se font de plus en plus floues. Même son de cloche avec l’actuel chef de l’état, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi.
Une situation bien que plus effective à l’Est, impacte tout le pays, mine la confiance entre les compatriotes et aussi entre les dirigeants. C’est pourquoi des analystes estiment que tant que la situation à l’est ne sera pas pacifiée durablement, le pays ne pourra pas fonctionner. La partie ouest du pays est mieux maîtrisée par les forces du gouvernement et globalement à l’abri des combats. La guerre n’y est pas directe mais pourtant présente. La capitale est ponctuellement touchée par les combats mais continuellement sujette à un climat d’insécurité et d’instabilité. Pour l’ensemble des Congolais, la guerre est omniprésente.
Bourrée de ressources, mais pauvre
L’explication le plus souvent avancée par les Congolais est liée aux nombreuses ressources dont regorge le pays. Ces ressources font le malheur du pays car elles attirent les convoitises, à la fois des groupes armés et des investisseurs étrangers. Les groupes armés profitent de la faiblesse des forces gouvernementales et de leur lenteur de réaction pour prendre possession des mines par la force, leur mode opératoire est souvent des plus simples : ils exterminent les villageois récalcitrants et exploitent les plus dociles pour extraire les minerais et autres ressources disponibles, les payent une misère puis revendent ces matières premières au plus offrant.
C’est ainsi que les multinationales étrangères peuvent se fournir en matière première à bas prix mais payées de leur sang par les congolais. Pour eux, les richesses de leur pays sont littéralement pillées et volées par les multinationales étrangères et par les Rwandais, et l’injustice de cette situation n’a d’égal que leur impuissance et leur résignation. Un autre problème qui mine la RDC, un demi-siècle après, la corruption. L’argent est systématiquement détourné par les hommes qui sont aux affaires. Les gens qui dirigent sont certes intelligents et compétents mais n’ont pas de conscience.
Une fois au sommet, ils perdent de vue l’intérêt général pour ne défendre que leurs intérêts personnels. L’instabilité politique liée à la guerre à l’est pousse les politiciens à assurer leurs propres arrières plutôt que celles des millions de Congolais qu’ils sont censés protéger. En conséquence de la corruption et du détournement de fonds systématique, les milliards brassés par le gouvernement entre les revenus de l’économie, les impôts, l’argent du trafic des ressources ou encore les aides internationales ne profitent absolument pas aux congolais. Le favoritisme est aussi un fléau car pour accéder aux postes importants, le réseau est plus efficace que le mérite ou les compétences.
L’ingérence étrangère : entre nécessité et fléau
L’implication d’acteurs étrangers en RDC est installée depuis de longues dates, mais elle est de plusieurs ordres. Le premier type de présence étrangère en RDC est les ONG ou organisations internationales en mission humanitaire, pour porter assistance aux victimes directes des combats, à l’est. Sauf que ses missions des organisations ne sont pas seulement humanitaires, la RDC est aussi le théâtre d’accueil de la plus grosse opération de maintien de la paix de l’ONU avec 20 000 casques bleus présents sur le terrain. Pourtant leur impact sur le conflit reste faible malgré leur présence depuis les premiers temps du début de la guerre, et les quelques cas recensés d’exactions à l’encontre des populations maltraitent encore plus leur crédibilité en matière d’assistance aux victimes et de protection des populations.
Le second visage de la présence étrangère en RDC est à la fois politique et économique, et indéniablement plus sombre. En effet, nombreuses sont désormais les preuves que la guerre en RDC profite aux multinationales occidentales qui n’hésitent pas à saisir cette opportunité. Car cette situation chaotique qui dure depuis maintenant plus de 20 ans permet aux multinationales d’avoir un accès privilégié aux ressources naturelles prodigieuses dont regorge le territoire congolais.