Le Monde Afrique nous propose à partir de ce mardi une série de portraits et de reportages sur ces femmes qui font bouger les lignes sur le continent : elles sont scientifiques ou entrepreneurs et elles représentent un « véritable espoir pour l’Afrique. »
« Il y a déjà de belles histoires, des réussites qui font bouger les lignes, relate Le Monde Afrique. De Tanger à Johannesburg, des femmes universitaires savent exploiter leurs résultats scientifiques pour créer des entreprises à forte valeur ajoutée et mettre un pied dans le monde encore très masculin des affaires. Mais elles restent encore des exceptions sur une route qui n’a rien de linéaire. Choisir le monde des sciences ou des techniques, s’affranchir des normes sociales tenaces qui font plus volontiers d’elles des mères au foyer que des cheffes d’entreprises, mener à terme des études longues, et trouver du financement : un parcours de battante. »
Au départ, un entreprenariat de survie…
En fait, précise Le Monde Afrique, « les Africaines s’inventent un entrepreneuriat de survie, souvent pour nourrir leurs enfants. Avec 39,6 %, la bande subsaharienne compte le pourcentage le plus élevé de femmes entrepreneures à l’échelle mondiale. Sur ces terres où le salariat est l’exception et non la norme, elles inventent un business à leur portée, qui apporte une solution aux lacunes de l’offre locale. Il serait plus exact de dire qu’elles tentent de le faire, nuance le journal, car leur parcours ne se termine pas forcément avec la maturation de leur idée de business… Car il faut ensuite trouver les fonds pour se lancer. »
En effet, poursuit Le Monde Afrique, « des habitudes séculaires rendent plus difficile l’octroi d’un prêt à une femme qu’à un homme, pratique d’autant plus dommageable qu’une affaire affiche en moyenne 34 % de rendement supérieur lorsqu’elle est dirigée par une femme, selon une étude du cabinet Roland Berger parue en mars 2020. L’addition de ces facteurs explique que, malgré l’explosion sur le continent des start-up dans le domaine des nouvelles technologies, seulement 27 % des femmes entrepreneures africaines exercent un métier lié à la technologie ou aux sciences. Il y a pourtant là une véritable solution pour relever les challenges quotidiens de l’accès à l’eau, à l’électricité, à l’éducation ou à la santé auxquels elles sont chaque jour confrontées. »
Hyam Ali : en première ligne contre le mycétome
Alors, première femme africaine à l’honneur dans le Monde Afrique, premier portrait ce mardi, celui de Hyam Ali, une scientifique de 28 ans qui travaille à Khartoum, et qui a obtenu le prix Jeunes Talents 2021 du programme For Women in Science Africa.
Hyam Ali a mis au point un diagnostic qui permet de dépister une maladie tropicale, le mycétome, une maladie inflammatoire chronique qui provoque de graves déformations, jusqu’au handicap. Une maladie qui touche les pays pauvres et qui intéresse peu les grands laboratoires. Le Monde Afrique relate donc le parcours de cette fille de forgeron qui a « très tôt décidé de ne rien lâcher » et qui a réussi de brillantes études de mathématiques, entre le Soudan, le Ghana et la France. « À Khartoum, elle enseigne désormais les maths à l’université et effectue sur son temps libre des campagnes dans les écoles pour sensibiliser les jeunes filles à l’importance des études supérieures. »
Le Maghreb sauvé par les femmes ?
Enfin, les femmes toujours, avec cette question posée par l’écrivain algérien Kamel Daoud dans Le Point Afrique : « Le Maghreb sera-t-il sauvé par ses femmes ? », Kamel Daoud qui constate que « le Maghreb, sauf l’exception algérienne, se féminise, même s’il s’agit d’un artifice pour cacher une condition féminine toujours désastreuse. Depuis peu, on y élit ou on nomme des femmes pour sauver des pays qui restent la propriété des hommes. » Et Kamel Daoud de s’interroger : qu’est-ce qui « pourrait sauver les pays dits arabes de l’islamisme, de la vassalisation turque, du néonationalisme chauvin, des racismes confessionnaux et d’autres misères culturelles et sexuelles. Réponse : proposer, malgré nous, le pouvoir aux femmes. C’est un contrepoids aux modèles en cours, qui n’offrent pas de définitions claires du bonheur. D’ailleurs, conclut-il, on peut s’imaginer quelles religions de fécondité, de filiations si peu belliqueuses auraient été les monothéismes s’ils avaient été inventés par des femmes. »