Le torchon brûle entre les transitions et les organisations panafricaines au sujet de l’organisation des élections. Des chronogrammes mal réfléchis ont été imposés au Mali et au Burkina Faso après de longs mois de négociations. L’on constate que le respect de ces chronogrammes n’est pas possible compte tenu des difficultés sécuritaires. Et comme cela ne suffisait pas, ces organisations panafricaines continuent à remuer le couteux dans la plaie.
Incapable de se remettre en cause, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest vient de poser un acte grave de conséquences. Profitant du sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba en Ethiopie le 18 février 2023, les chefs d’Etat et de gouvernement de la communauté ouest africaine ont reconduit l’interdiction de voyager pour des responsables des transitions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry. L’Union Africaine aussi a emboité le pas à la CEDEAO en refusant de lever les sanctions ciblant les trois transitions.
La communauté ouest africaine refuse d’écouter les explications des ministres des Affaires étrangères des trois pays dont deux sont en guerre contre des groupes terroristes déterminés. Une attitude qui pousse davantage les trois pays vers une exclusion qui ne fera qu’affaiblir ces organisations et pourtant ces trois pays ne sont pas les seuls pays africains où il y a eu des ruptures de pouvoir. L’Union Africaine est par exemple silencieuse sur le cas du Tchad dirigé par une transition. L’on se croirait dans un jeu de dupe, où les pays ménagés par l’Occident, notamment le Tchad, sont épargnés.
La CEDEAO a expliqué que la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a été informée de la demande à elle adressée par les Ministres des affaires étrangères du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali, portant sur la levée des sanctions qui leur ont été imposées à la suite de leurs coups d’état respectifs. Mais cet appel n’a servi à rien, puisque la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a décidé de maintenir les sanctions existantes à l’encontre des trois pays et d’imposer une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires des trois pays. Par la même occasion, la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement a rejeté totalement les mesures unilatérales prises par les autorités de transition en Guinée, en ce qui concerne la mise en œuvre de la feuille de route de transition.
Des signaux laissent croire que les transitions ne cèderont pas aux injonctions de la CEDEAO dont les chefs d’Etat et de gouvernement sont loin d’être des modèles. Pour la CEDEAO, il y a la nécessité d’ouvrir l’espace politique à tous les acteurs des trois pays et d’assurer un dialogue politique inclusif. C’est dans ce cadre que la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement instruit le Président de la Commission de la CEDEAO d’accompagner la mise en œuvre des feuilles de route de la transition et de renforcer l’appui sécuritaire et humanitaire aux pays touchés, dans le but d’atténuer les souffrances des populations.