Les habitants du quartier Dikolo ne décolèrent pas. Ils ont été violement déguerpis le 14 mai 2022 de leur habitation, après avoir assisté impuissants au spectacle de démolition de leurs logements au quartier Dikolo, touchant à peu près 70 foyers selon eux. La construction d’un hôtel par un opérateur économique qui dit avoir obtenu des autorités une « déclaration d’utilité publique » est en projection dans ce quartier de Douala. Les autochtones blessés, demandent réparation du préjudice par la rétrocession de leurs terres.
Au lendemain de la célébration du cinquantenaire de l’Unité Nationale, les habitants de Dikolo entendent poursuivre leur combat. La situation demeure explosive après la destruction et les expulsions opérées le 14 mai dernier. Ces fils et filles du Canton Bell, ont vu leur quartier rasé. Il s’agit des terres ancestrales occupées par cette communauté depuis plus de 300 ans.
Face à la presse le 25 mai 2022, dans la capitale économique, les victimes ont apportés des éléments précis sur ce qu’elles qualifient d’escroquerie foncière couverte par l’administration camerounaise, qui s’est faite duper par certains véreux qui veulent l’entraîner dans une voie qui a pour conséquence de paupériser les personnes concernées par les expulsions opérées, de provoquer des tensions sociales et de mettre à mal le vivre ensemble. Faisant référence à la localisation du titre foncier 750, objet d’expropriation et contenue de la déclaration d’utilité publique, signé par le premier ministre chef du gouvernement le 9 janvier 2020, les victimes précisent que le quartier Dikolo est différent du quartier Besseke à Bali par conséquent, ne fait pas partie de ce titre foncier.
Les victimes disent également que dans les listes d’indemnisation, il ne figure aucun nom des familles autochtones. Pour le collectif qui défend les intérêts des familles sinistrées de Dikolo, ces expulsions prétendument pour cause « d’utilité publique » sont à la fois illégale et injuste. « Sur la présence dans les différents documents qui ont été signés par l’administration, l’on relève des éléments de fraude. C’est de cela que vient l’inégalité parce que la fraude corrompt», explique Jeanne Sone Ekolo, Juriste.
Réparation du préjudice causé
Les habitants du quartier Dikolo récemment déguerpis, continuent de dormir à la belle étoile. Au regard des éléments relevés, les victimes réclament réparation du préjudice par la rétrocession de leurs terres « Les victimes de Dikolo sont indument cassées. Nous ne sommes pas concernés par ces casses. Nous avons des titres fonciers à Mbali et le titre foncier numéro 750 est localisé à Deido. Nous attendons de retrouver nos terres et d’avoir réparation. Donc il faut qu’on nous règle le préjudice qu’on nous a causé. C’est tout ce que nous attendons aujourd’hui. », nous confie patrick Noudissa Bell, représentant des victimes.
Après plusieurs recours auprès du gouvernement sans suite favorable, la communauté Bell entend porter son cri de détresse devant les juridictions internationales. Elle compte se battre pour récupérer ce qui constitue son patrimoine ancestral.