Après le Minat il y a deux ans, le ministre de la Santé publique annonce à son tour une campagne dans les snacks bars et boites de nuit, contre la chicha.
Emilienne a été désignée par ses amis pour réserver une table dans un snack bar au lieudit « montée jouvence ». C’est dans cette enceinte que la jeune fille et ses amis ont choisi pour faire une surprise à leur copine, à l’occasion de son anniversaire. Tous sont des étudiants à Yaoundé. Au milieu de la table où est réservée la place de Blanche qui a un an de plus, une pipe à eau.
« C’est la chicha. Ce n’est pas dangereux. Il n’y a que de l’eau et le produit. C’est dangereux et toxique que lorsqu’on mélange l’eau en dessous avec du whisky ou autres produits », défend une jeune fille. Non loin d’ici se trouve le quartier Biyem-Assi. Sur une dizaine de snacks bars visités hier 30 janvier, la « chicha est demandé par nos clients. Jeunes comme adultes comme vieux en demandent. Elle sert juste de distraction. Une soirée sans chicha, c’est vide de sens pour nos clients », explique un gérant.
Au quartier Briqueterie, dans l’arrondissement de Yaoundé II, l’on n’a pas besoin de se cacher pour en consommer. On la fume à l’air libre et aux yeux de tous. C’est d’ailleurs au « au rond-point marché charbon », dans ce quartier les adeptes de la chicha se rendent « pour acheter les accessoires et charbons artificiels qui servent pour activer le produit qu’on pose souvent au niveau de la tête de la machine », confie un étudiant.
20 h hier, nous sommes dans un snack bar situé au carrefour Mvog-Mbi. C’est un espace régulièrement fréquenté par des jeunes et adultes. Contrairement à la cigarette qui est interdit à l’enceinte, la chicha est permise. Dès l’entrée de la boite, l’on peut voir une enceinte qui transpire de fumée. Ce qu’il faut savoir, le tarif varie. « Une tête de chicha coute au moins 5 000 F CFA. Cela dépend de la composition et la qualité des produits. Ailleurs, c’est plus. Dans les grandes boites de nuit, les gens payent 10 000 F CFA, voire plus », souffle un consommateur.
Curieusement, l’on est surpris de constater que le marché de la chicha se porte bien, malgré les multiples mesures de répressions annoncées par les autorités. Il y a quelques jours encore, soit le 28 janvier dernier, c’était au tour du ministre de la santé publique d’annoncer une vaste campagne contre la consommation de ce produit jugé nocif pour la santé.
« Je rappelle que la chicha est un produit dangereux et interdit dans les espaces publics au Cameroun. Au vu de la recrudescence des maladies non transmissibles, mes équipes sillonneront les établissements de loisirs à l’effet de faire respecter la règlementation en la matière », a annoncé Manaouda Malachie. Seulement, l’on se demande bien si la sortie du MinSanté ne restera pas sur les effets d’annonces. Car, il y quelques années avant lui, le ministre de l’Administration territoriale avait interdit la commercialisation et consommation de la chicha sur l’étendue du triangle national. Dans cet arrêté datant du 7 mars 2022, Paul Atanga Nji avait instruit les autorités administratives à veiller à l’application de cette mesure.