Ayant pris ma retraite de patron de presse après 30 années de fortunes diverses, je me suis pris de passion pour nos débats sur Facebook au cours desquels, malheureusement, on bavarde plus qu’on agit. Il y a quelques temps, sa majesté Johny Baleng a fait de moi le « Nkeum » de Môtissong, c’est-à-dire le notable le représentant dans le quartier central du village Baleng. A cette occasion, il m’a confié la mission de développer ledit quartier.
C’est en observant les Camerounais se déplacer à des prix insupportables et des conditions déplorables, l’idée folle de construire une usine de motos et de tricycle dans mon village m’est venue.
Il me fallait coûte que coûte produire un prototype : malgré un état général précaire que je n’ai pas caché ; après des efforts parfois inhumains, voici l’engin que j’ai conçu et fabriqué.
3- Comment cet engin a-t-il été réalisé ?
Il a été dessiné moi-même. En observant les tricycles italiens, asiatiques, néerlandais…, j’ai obtenu un compromis, à mes yeux, satisfaisant bien que loin d’être parfait.
J’ai alors pris du temps pour observer de « vrais » Camerounais qui travaillent dur dans les secteurs d’activité suivants :
– Soudure électrique et à gaz
– Electricité auto et moto
– Tôlerie et peinture
– Conducteurs de tricycle
– Réparateurs de motos et de tricycles…
Je donne certes l’image d’un oisif qui passe son temps sur Internet ; en fait avec un objectif différent de ce que vous croyez. Juriste de formation, je n’avais pas, à priori, le niveau scolaire me permettant de concevoir et de réaliser un tel ouvrage.
Il a fallu me former : la puissance d’Internet n’étant plus à démontrer, j’ai pu maîtriser des notions « barbares » comme le « calcul de masse », le « centre de gravité », la soudure à « l’arc électrique », le « cordon parfait »…
L’idée centrale était de réaliser l’engin en s’approvisionnant sur le marché local ; de n’utiliser des pièces importées que lorsque cela était indispensable.
4- Les ressources humaines
Il n’était pas question de travailler avec des ingénieurs et autres « gros diplômés ». Même mon second fils, que je trouve d’ailleurs plus intelligent que moi, ingénieur en mécanique issue de « polytechnique Lyon » ; qui a travaillé pour le compte de Renault en France, n’était pas dans la confidence.
Je ne voulais pas qu’on mette un « siècle » pour m’expliquer que X*Y=XY. Alors j’ai opéré un choix radical : travailler avec un seul individu à la fois ayant tout au plus, le niveau du…Bepc ; mais compensant l’absence de connaissances livresques par une solide expérience sur le terrain et une volonté féroce.
Mon rôle était de dessiner l’ensemble ; de concevoir les pièces, d’expliquer comment les relier entre elles et surtout, les monter autour d’un châssis en tube carré de 50*0,3, fabriqué par nous-mêmes.
En une année, quatre jeunes Camerounais, dont un apprenti maçon, se sont succédé, en fonction de leur disponibilité, pour m’aider à cette tâche que je n’imaginais pas aussi difficile ; je profite ici pour les en remercier.
5- L’objectif visé
Je me fiche de savoir si je vais gagner de l’argent avec un tel projet, bien que je sois très optimiste. Mes parents m’ont appris qu’il n’y a pas que de l’argent dans la vie et en faisant de…