9 janvier 2025, 3:33 pm

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La note : l’Afrique en marche vers la démocratie

L’Afrique a enregistré des avancées notables et des échecs qui s’inscrivent dans le cours normal du processus de démocratisation qui est plus ou moins long selon les spécificités des pays. Avec ses multiples accords, traités internationaux, continentaux et régionaux, l’Afrique a déjà un cadre assez séduisant et propice à l’émergence de véritables démocraties. Le remède existe déjà et il est connu de tous : il émanera de la volonté des au­torités politiques africaines de traduire dans les faits ces différents textes ; nous en citerons quelques-uns en guise d’exemple.

La Charte africaine de la démocratie et des élections, adoptée le 30 janvier 2007 à Addis-Abeba (Éthiopie), constitue la manifestation de la volonté des États africains d’ériger la démocratie en modèle de développement en s’engageant dans la promotion de la démocratie, du principe de l’État de droit et des droits de l’homme. Le Protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance (protocole additionnel aux protocoles sur la prévention des conflits armés) en son article 2 section 2 relative aux élections (chapitre 1) interdit la modification des constitutions six mois avant les élections.

La Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000, adoptée après le Sympo­sium international sur le bilan des pratiques de la démocratie, des droits et libertés dans l’espace francophone, a recensé les acquis, les insuffisances et échecs de la démocratie pour enfin proposer des solutions à l’ensemble des pays africains. Cet arsenal de textes traduit qu’un effort substantiel est fourni, en tout cas dans un cadre assez théorique, pour trouver un bon moule à la taille des aspirations pressantes et manifestées des peuples africains qui ont soif de démocratie.

Les manifestations plus ou moins violentes des Tunisiens, Égyptiens et Libyens ont contribué à mettre la question de la démocratie à l’ordre du jour dans les pays d’Afrique noire en passant par la Chine et les grandes monarchies arabes. Il s’agit des mutations internes et des apports de la communauté interna­tio­nale dans l’édification de véritables démocraties en Afrique. Le discours du président américain Barack Obama prononcé au Ghana en 2010, lors d’une visite officielle, disait : « L’Afrique, au lieu d’avoir des hommes forts, doit avoir des institutions fortes. » Cela étant, la nécessité de choisir des personnes de bonne volonté pour animer ces institutions est également primordiale.

Il faudra d’ores et déjà mettre fin au manque d’indépendance de certaines institutions et aux contraintes de nature économique, financière, sociale, suscitant la désaffection des citoyens. Il faut établir une gestion participative en faisant la promotion de la démo­cratie locale par la décentralisation, en passant par l’organisation d’élec­tions libres, fiables et transparentes et au niveau des partis politiques organiser des élections primaires. Il y a lieu de travailler à l’instauration d’une culture de l’alternance, un principe sacro-saint de la démocratie, de prévoir un statut de l’opposition et d’oser aller vers une bipolarisation de la vie politique qui aura pour avantage d’éliminer les nombreux partis politiques à caractère tribaliste, sans assise nationale, voire sans idéologie politique claire et dirigés par des individus guidés par des intérêts inavoués.

Une moralisation de la vie politique est souhaitable, on ne cessera de le dire. « On ne fait pas de la politique avec la morale, on n’en fait pas davantage sans » (André Malraux). Cela doit passer par l’arrêt de la pra­tique répandue des achats de consciences et de votes, une libéralisation encadrée des médias, une véritable lutte contre l’impunité et la consolida­tion de l’État de droit. La nécessité de la réinstauration des services militaires obligatoires ou des travaux d’intérêt général pour renforcer la fibre patriotique et inculquer des valeurs citoyennes se fait sentir pour parachever l’œuvre de création des nations, aux dimensions des États qui se sont imparfaitement constitués. La communauté internationale doit véritablement accompagner le processus de démocratisation de l’Afrique dans le respect du droit des peuples africains à disposer d’eux-mêmes. Le rôle joué par la communauté internationale, gardienne de valeurs, dans la résolution des conflits, voire dans leur prévention est louable et souhaitable au regard des difficultés à régler des crises internes.

Cependant, son champ d’intervention s’étant élargi et ses actions diversifiées, elle doit se garder de se confondre avec une société internationale qui a contrario défend des intérêts. Les acteurs de la société internationale étant les mêmes que ceux de la communauté internationale, le pas est vite franchi quand ceux-ci sont ostensiblement permissifs avec des régimes aux pratiques peu démocratiques ou, pire, quand ils n’hésitent pas à faire de ces régimes boiteux, illégitimes et mafieux des partenaires privilégiés leur assurant de facto des pouvoirs à vie et des successions dynastiques au grand dam des populations.

Il faut que ça cesse ! Les conditionnalités de l’aide au développement doivent être respectées sans régime de faveur, mais la real politik nous apprend égale­ment que le monde a toujours existé avec des intérêts. Sachant que la meilleure manière de se faire servir est de servir soi-même, les politiques africains doivent prendre leur responsabilité devant leur peuple et devant l’Histoire ; sinon, tel un virus cybernétique, le parfum de jasmin continuera à faire son bonhomme de chemin. Cependant, il est impérieux de préciser que « la démocratie n’est pas dans les institutions mais dans les hommes » (Georges Burdeau)…

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