30 décembre 2024, 5:21 pm

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Unité nationale : Un parcours salutaire

De la proclamation de l’indépendance le 1er Janvier 1960 à l’organisation du référendum mettant fin au système fédéral, avec la création de la République Unie du Cameroun, tout ou presque y est passé en laissant au passage des conséquences encore perceptibles au-delà de cinquante années après, malgré les mutations du contexte.

Les tous premiers mois de l’indépendance camerounaise marquent ainsi une disjonction problématique entre trois événements, dates concurrentes et objets de commémorations.

Contexte de la Réunification

Le 1er janvier 1960. C’est le jour fondamental qui vit la République du Cameroun célébrer la fin du mandat français et le transfert des pouvoirs au Président Ahmadou Ahidjo et à son gouvernement. Mais le Cameroun, dans sa configuration géographique actuelle, ne surgit qu’au 1er octobre 1961, jour de la réunification des Camerounais francophones avec leurs  frères de l’outre Moungo où l’Union Jack fut amené et dont les Britanniques se retirèrent. Entre ces deux dates, le 1er juin 1961 marque également profondément l’imaginaire camerounais dans les toutes premières années de l’indépendance, car c’est alors que le Cameroun septentrional rejoignit la Fédération du Nigeria, brisant les espoirs d’un retour à un grand Kamerun idéalisé.Ces trois dates ont joué  un rôle fondamental dans le processus de construction nationale.

Le Cameroun réunifié du 1er octobre s’inscrit face à une double contestation, contraire aux forces centripètes sur lesquelles le Président Ahmadou Ahidjo entendait fonder la construction nationale camerounaise. D’une part, le gouvernement camerounais de Yaoundé dénonça l’organisation du référendum au Cameroun septentrional et porta l’affaire devant la Cour Internationale de Justice. D’autre part, plusieurs individus, groupes de pression et communautés traditionnelles remirent en cause l’organisation du plébiscite au Cameroun méridional, rejetant la réunification, réclamant l’union avec le Nigeria ou l’indépendance séparée, envoyant une série de pétitions à l’ONU, au gouvernement et à l’administration britanniques entre février et octobre 1961.

Si les pétitions furent vaines et la plainte du gouvernement camerounais rejetée en 1963 par la Cour internationale de justice, elles sont extrêmement significatives en ce qu’elles éclairent la manière dont la réunification, officiellement célébrée, a pu être vécue de façon tout à fait différente au niveau individuel, local ou communautaire. Au-delà des négociations officielles et des quatre conférences qui, entre mai et août 1961, déterminèrent les modalités d’organisation des structures de pouvoir dans la nation camerounaise, les commémorations de 1961 jouèrent un rôle fondamental dans le processus de réunification.

L’année des Référendums, 1961

A la veille des référendums prévus pour février, peu nombreux étaient ceux qui s’aventuraient à prédire la voie que choisiraient les électeurs camerounais de plus de vingt et un ans des territoires britanniques. Trois difficultés majeures pesaient alors sur la campagne électorale. À l’inexpérience d’une grande partie des électeurs s’ajoutaient celle des officiels britanniques sur le terrain, le manque de moyens et les contraintes de temps.

D’où l’importance d’évaluer comment les commémorations de 1961 s’inscrivent dans les stratégies de construction nationale et participent à la définition d’une identité camerounaise post-réunification, à travers les deux grandes dialectiques constitutives du territoire camerounais : la double contestation des référendums de février 1961, officielle par Yaoundé, populaire par certaines communautés du Cameroun méridional ; le deuil du 1er juin et les célébrations du 1er octobre, tous deux orchestrés par Yaoundé.

Envisager la manière dont l’indépendance a été vécue au Cameroun implique d’aller au-delà de 1960, fin du mandat français et année de l’Afrique, pour analyser trois dynamiques qui eurent une influence durable sur les populations du Cameroun méridional : les incertitudes, l’appréhension et la violence, réelle ou imaginée, qui marquèrent la campagne des référendums au début de l’année 1961 ; les modalités du départ des Britanniques, à une époque où la présence française continuait de peser sensiblement en territoire camerounais ; et l’influence de Yaoundé sur la construction d’une mémoire collective dans un nouveau Cameroun en pleine effervescence.

 République Unie du Cameroun à République du Cameroun

En raison de la complexité des institutions créées par la Constitution fédérale adoptée lors de l’unification du pays en 1961, le président Ahidjo souhaite revenir à un État unitaire. Et c’est l’objet du référendum du 20 mai 1972, qui permet l’adoption d’une nouvelle Constitution. Un référendum largement gagné au point de faire du 20 Mai la fête nationale. Cette  République unie du Cameroun a un Président, à la fois chef de l’État et du gouvernement, une seule chambre, l’Assemblée nationale, et une seule Cour suprême. La révision constitutionnelle du 9 mai 1975 touche les articles 1, 5, 7, 8, 26, 32 et 34, supprime les dispositions transitoires et conserve les deux derniers articles en tant que « dispositions finales ». Elle permet notamment la création du poste de premier ministre et modifie les attributions de la Cour suprême. La révision du 29 juin 1979 permet au premier ministre de terminer, le cas échéant, le mandat du président de la République, ce qui permettra à Paul Biya de succéder au président Ahidjo le 4 novembre 1982, à la suite de la démission de celui-ci.

Les révisions du 21 juillet et du 29 novembre 1983 portent le nombre des députés à 150 et permettent à Paul Biya d’obtenir sa réélection à la présidence. Enfin la révision du 4 février 1984 modifie la dénomination du pays, qui devient la République du Cameroun, et supprime le poste de Premier ministre. Cependant après des troubles, le régime parlementaire est établi par les révisions constitutionnelles du 23 avril et du 16 décembre 1991 : le poste de premier ministre est rétabli et sa responsabilité instaurée devant l’Assemblée nationale.

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