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CAMEROUN : COLÈRE ET DÉCEPTION DES HOMMES POLITIQUES FACE AU REFUS D’ENGAGEMENT DES POPULATIONS

Il faut un engagement citoyen et politique critique et massif en 2021 « Du courage, nous sommes derrière toi ! », « On n’est ensemble ! », « J’aime ton courage. » Telles sont quelques-unes des paroles que, sans doute, beaucoup d’entre nous ont prononcé à l’endroit d’un leader politique ou leader d’opinion croisé au hasard du quotidien. Pour certains d’entre nous qui sommes des militants politiques médiatisés, nous rencontrons quasi quotidiennement des personnes qui nous accostent pour nous donner ce type de feedback. On peut se poser des questions sur la nature de ces marques de soutien face à la faible mobilisation observée

C’est important. Parfois, ça fait plaisir. C’est souvent perçu comme un signe d’adhésion et une marque de soutien à ce que nous entreprenons. Mais à la longue ça interroge. Face à la persistance des crises et les faibles mobilisations que nous observons à l’appel des forces politiques et de la société civile, on peut se poser des questions sur la nature de ces marques de soutien. Quels sont ces soutiens qui ne se traduisent pas toujours à nos côtés par des actions concrètes ? Quels sont ces soutiens qu’on ne perçoit pas toujours dans des actions fortes, massives et déterminées le moment venu autour des causes sur lesquelles il semble avoir une grande adhésion du public ? Il semble y avoir en apparence un paradoxe : d’une part, les plaintes et les critiques de la gouvernance sont de plus en plus croissants, d’autre part, les mobilisations pour mettre fin à la mal gouvernance ne semblent pas être à la hauteur des indignations quotidiennes. Et pourtant, il y a plus de 60 ans, Um Nyobe disait déjà avec raison qu’il ne sert à rien de dénoncer l’arbitraire et l’injustice d’un système si l’action n’est pas organisée pour y mettre un terme. Il ajoutait que ce sont ceux et celles qui ont le plus besoin des reformes qui devaient se mobiliser pour les obtenir.

On nous rétorquera que là n’est pas le problème. Le peuple est prêt, il sait ce qu’il veut et la relative faiblesse des mobilisations s’explique par un non-alignement entre les causes défendues et les intérêts bien compris des populations. On ajoutera qu’en plus, ce sont les élites à la tête des dynamiques politiques, citoyennes et sociales qui doivent se remettre en cause et revoir aussi bien que l’objet et les stratégies de mobilisation. Ce qui n’est pas totalement faux. Tant qu’un objectif fixé n’est pas atteint, il est de la responsabilité de ceux qui initient des dynamiques de changement de s’interroger et de se réajuster afin de pouvoir être plus efficace. Certes les partis politiques ne font pas toujours bien leur travail. Certes les syndicats ne le font pas assez. Certes il y a la répression et la peur chez les populations de perdre le peu qui a été difficilement obtenu.  Mais avec une telle mentalité et une telle attitude, nos ancêtres auraient-ils pu mettre un terme à l’esclavage et à la colonisation ?   On peut s’accorder que les élites gouvernantes ne sont pas à la hauteur. D’ailleurs, d’un point de vie historique, elles n’ont pas été formatées pour être à la hauteur des enjeux, des besoins et des intérêts des populations africaines. C’est même paradoxal de s’attendre avec elles à autre chose que la continuité de l’exploitation par les forces étrangères du capital humain et des ressources diverses du sol et sous – sol de chez nous.

En face d’elles, on peut aussi estimer que la classe politique dite de l’opposition n’est pas à la hauteur. Elle n’envoie pas les signes suffisants de crédibilité vers le peuple. Elle ne proposerait pas une vision ou un projet alternatif à la hauteur. Elle ne pose pas suffisamment d’actes concrets. Elle ne semble pas démontrer de manière convaincante sa volonté sacrificielle.  Mais au- delà de tout, une question demeure et s’impose : y a-t-il suffisamment de citoyens dans ce pays ? Un citoyen n’est pas seulement un électeur qui participe par le vote à des élections contestées une fois tous les 7 ou 5 ans. Un citoyen est une personne qui, informée de ses droits et devoirs, agit au quotidien en interaction avec les autorités pour accomplir ses responsabilités et interpeller les autorités sur leurs missions. Un citoyen est quelqu’un qui est capable de se mobiliser pour faire bloc et faire foule quand les enjeux importants pour la vie de la cité se présentent. Je répète la question : Y a-t-il suffisamment de citoyens dans ce pays ? Tous ces camerounais qui souhaitent veulent aller au paradis sans mourir là, ne font – ils pas aussi parti du problème ? Peut- on réussir une révolution citoyenne sans des citoyens ? Peut- on changer la gouvernance sans que les gouvernés dégagent les mauvais gouvernants ? Peut-on se dire contre les injustices et ne pas se mobiliser face à des injustices criardes et manifestes ? Peut-on se dire pour la propreté et tolérer que l’on verse une poubelle continuellement dans son domicile ? Selon toute évidence non. Et il faut que cela change si nous voulons voir notre destin collectif évoluer dans la bonne direction. Pour y arriver, pour une grande majorité d’entre nous, il faut définitivement cesser de croire aux idoles. Ces idoles sont l’attente du messie et le changement par le miracle. Le changement ne se produira jamais s’il n’y a pas une masse critique de personnes qui s’engagent. La vraie magie c’est l’engagement civique et politique d’une masse croissante de camerounais / es qui cessent l’indifférence et les plaintes stériles pour mener les différentes batailles pour l’intérêt général. Ces batailles doivent se porter sur tous les plans. Pas seulement au niveau politique même si tout est politique. En effet, nous avons tendance à oublier certaines réalités simples :

– Les problèmes qui concernent tout le monde sont des problèmes politiques. Les problèmes politiques concernent et affectent tout le monde.

– Tu ne fais pas la politique, la politique te fait.

– Ce qui se fait sans toi a de fortes chances de se faire contre toi.

Le développement d’une société est la somme des efforts faits par des milliers de personnes dans leurs domaines d’activité de manière conforme aux valeurs et objectifs d’intérêt général adoptés par tous.

Aujourd’hui, nous devons le dire clairement, nous ne sortirons pas de nos crises et de nos impasses si une masse plus active de camerounais ne s’engagent pas. S’engager, c’est poser des actes concrets. C’est payer de sa personne, c’est apporter ses compétences, c’est financer et c’est agir en temps voulu pour que des causes jugées vitales se concrétisent

Le Cameroun ne sera pas plus avancé que les Camerounais.

On ne construit pas une société en or avec des individus en plomb.

Que 2021 soit une année où chacun d’entre nous sera plus actif et plus concret dans le soutien des causes d’intérêt général sans lesquelles notre pays ne pourra pas progresser vers la paix des cœurs et le bien être partagé !

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