L’ordonnance du chef de l’Etat modifiant et complétant certaines dispositions de la loi de finances 2023, signée le 2 juin 2023, augmente le volume des recettes de l’Etat, les emprunts et diminue plusieurs postes de dépenses.
L’article 65 de la loi des finances rectificative 2023, fixe les ressources et les emplois du budget de l’État pour l’exercice 2023 à 6 726, 931 milliards de Fcfa. Soit 6 642, 5 milliards de Fcfa au titre du budget général et 84, 431 milliards de Fcfa pour les Comptes d’affectation spéciale. Par rapport à l’enveloppe initiale votée en décembre 2022, et adoptée à la somme de 6345, 1 milliards FCFA, celle-ci connaît une augmentation de 381,8 milliards de Fcfa. Entre le budget 2022 équilibré en recettes et en dépenses à 6080,4 milliards, le budget du Cameroun connaissait déjà une augmentation de 264,7 milliards en début d’année. Soit une augmentation cumulée de 645,5 milliards de Fcfa.
Les véritables raisons
Les raisons de cette progression vertigineuse des recettes budgétaires, pondérées à 4 776,7 milliards de Fcfa, se trouvent dans l’augmentation des recettes non pétrolières. De fait, sur un objectif de 1 939 milliards de FCFA en 2022, la direction générale des Impôts a clôturé l’exercice sur une performance jamais égalée de près de 2500 milliards de Fcfa. Du coup, les autorités lui ont assigné pour 2023, un objectif de 3709,1 milliards de Fcfa, qui passe dans la loi des finances rectificative à 3815,7 milliards de Fcfa, soit une envolée de plus de 1 876 milliards de Fcfa entre les deux exercices, et un ajustement de 106 milliards de Fcfa en six mois. Quant aux dépenses budgétaires totales de l’Etat, elles connaissent elles aussi une augmentation à 5003 milliards de Fcfa.
Dans les grandes rubriques, on retrouve les dépenses courantes qui s’établissent à 3 776,3 milliards de Fcfa, les dépenses en capital sont en diminution de 27 milliards de Fcfa, les salaires augmentent de 55 milliards de Fcfa à 1311,725 milliards de Fcfa, les dépenses en biens et services passent de 1039,5 milliards à 941,2 milliards de Fcfa, les transferts connaissent une évolution de plus de 129 milliards de Fcfa, les dépenses d’investissements baissent de 25 milliards à 1194,2 milliards. Nombre d’administrations connaissent des coupes budgétaires pendant que d’autres ont vu leurs enveloppes en croissance. Dans ce lot, on retrouve la Présidence de la République, les Finances, l’Economie, les PME etc. Les enveloppes dédiées à la sécurité, l’éducation, la santé ou encore la jeunesse sont quant à elle en hausse. Le budget dédié à la reconstruction du Nord-ouest et du Sud-Ouest passe de 14 milliards de Fcfa à 29 milliards de Fcfa.
Financer les gaps
Pour financer son gap de ressources budgétaires qui se situe à 1950 milliards de Fcfa, l’Etat aura recours aux emprunts sur les marchés financiers et bancaires intérieurs et extérieurs d’un montant de 650 milliards de Fcfa ; soit 450 milliards de Fcfa sur le marché financier intérieur et 200 milliards de Fcfa auprès des banques locales. Les fonds serviront au financement des projets de développement et l’apurement des restes à payer. En sus de ces sources de financement, le gouvernement bénéficiera également de 795 milliards de Fcfa de prêts projets, 357 milliards de financements bancaires, d’appuis budgétaires de 221 milliards de Fcfa, de 40 milliards de la Banque africaine de développement, de financements exceptionnels de 125 milliards de Fcfa ainsi que des droits de tirages spéciaux de l’ordre de 80 milliards de Fcfa.