Le fait économique majeur de ces derniers jours est la lutte (qui frise la panique) des banques centrales des grandes économies occidentales contre l’inflation qui ne cesse d’augmenter. Aux USA où elle a battu ces dernières semaines des records depuis 40 ans, c’est devenu le « défi numéro un » » pour reprendre les termes même de la Fed. La Réserve fédérale américaine (Fed) sera-t-elle en mesure de faire baisser l’inflation sans provoquer de ralentissement économique douloureux ? Son Président, Jay Powell, pense que non. Il a prévenu que la remontée des taux pour juguler l’inflation ne serait pas « indolore ».
La Banque des Banques américaines a ainsi annoncé la plus forte augmentation des taux d’intérêt depuis 1994, augmentant son taux directeur de référence de 0,75 point de pourcentage et signalant de nouveaux ajustements jusqu’en 2023. Le Président de la Fed a déclaré que des facteurs indépendants de la volonté de la banque, tels qu’une flambée des prix des matières premières résultant de la guerre en Ukraine, pourraient supprimer la possibilité d’un « atterrissage en douceur ».
La Banque d’Angleterre a adopté une approche plus mesurée ces derniers jours même si là-bas aussi c’est l’inflation qui est devenu le cheval de bataille. Elle a relevé en début de semaine ses taux d’intérêt de 0,25 point de pourcentage. En Europe (zone euro) pendant ce temps, il y a des échos effrayants d’une crise de la dette souveraine de la zone comme l’écrit Martin Sandbu dans le Financial Times. Lors d’une réunion jeudi dernier, la Banque Centrale Européenne (BCE) a indiqué qu’elle mettrait fin à son programme d’achat d’obligations et relèverait ses taux au-dessus de zéro pour la première fois en une décennie.
La nouvelle a effrayé les investisseurs et a conduit à une vente massive sur les marchés obligataires qui a touché la dette des pays les plus vulnérables de la zone euro tels que l’Italie et la Grèce. À tel point que la BCE a tenu une réunion d’urgence il y a 3 jours, au cours de laquelle elle a promis un nouvel outil pour contrer la flambée des coûts d’emprunt. Que font les banques centrales de nos pays africains qui ne sont pas épargnés par la flambée des prix avec l’horizon le risque amplifié d’une grave crise alimentaire si la guerre en Ukraine devait se prolonger durant des mois comme le martèle les dirigeants de l’OTAN?
Je n’ai pas beaucoup d’informations à ce sujet ni lu des communiqués de leur part, en commençant par notre chère BEAC. On dirait qu’on vit dans un autre monde ! Quoi qu’il en soit, les interrogations ou problématiques à suivre au cours des jours et semaines à venir sont : La dégringolade des actifs numériques et des principaux échanges cryptographiques, qui ont déjà entraîné de grandes et retentissantes faillites en Asie. Va-t-elle sonner le glas des cryptomonnaies ? Ensuite les analystes disent que la croissance de « l’économie des serviteurs » (dénomination donnée aux applications de livraison ultra rapides comme Uber ou Deliveroo) est un symptôme de la résurgence des inégalités économiques.
Ces entreprises et applications vont-elles survivre à la forte montée des prix à la consommation ? Wait and see. Par ailleurs, le contexte actuel de forte inflation, les guerres ou attaques terroristes dans les principales régions productrices de matières premières (RDC notamment), le ralentissement de la croissance et les turbulences sur les marchés boursiers rappellent étrangement le contexte qui a précédé la grave crise des années 1970 consécutive au choc pétrolier de 1973 avec un prix du baril qui avait quasi quadruplé en un an. Aussi, le Président américain, Joe Biden, rencontrera le Prince héritier Mohammed bin Salman d’Arabie Saoudite le mois prochain, après avoir pourtant promis de ne plus jamais s’engager avec lui, il espère récolter en échange une aide ou un effort de l’Arabie Saoudite restée jusqu’ici assez sourde aux appels d’augmentation de sa production afin de limiter l’impact de la guerre en Ukraine sur les prix du pétrole.
Réussira-t-il ? Attendons voir… Aussi, des hommes d’affaires russes sous sanctions se sont rendus en Iran pour obtenir de « précieux conseils sur la façon de contourner l’embargo et accéder aux marchés noirs mondiaux du pétrole. La Russie qui a augmenté le volume de ses ventes de brut à la Chine et l’Inde pourrait donc survivre à l’embargo européen sur le pétrole et continuer de renflouer son « trésor de guerre » et serait donc en mesure de tenir très longtemps s’il le faut malgré les sanctions occidentales et malgré les milliards de $ ou d’euros débloqués par les occidentaux, États-Unis en tête, en faveur de l’Ukraine.
Cette guerre pourrait donc effectivement durer… Bref, bien malin celui qui peut prédire ce que nous réservent les prochains jours ou semaines. Et l’Afrique dans tout ça ? Tout le monde, les USA en premier, cherche à profiter de cette guerre, sauf comme toujours les Africains qui préfèrent plutôt crier qu’ils risquent mourir de faim si le blé Ukrainien ne sort pas du Port d’Odessa… aucune démarche endogène stratégique d’émancipation économique à l’échelon continentale. On reste attentiste et passif comme dab. Eh !!! a nti, prend pitié de nous !