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Présidentielle en Angola : le mirage économique du chef de l’État João Lourenço

Deuxième producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, troisième producteur de diamant du continent, l’Angola reste un des pays les plus pauvres de la planète. Un Angolais sur deux vivait en 2020 avec moins de 1,90 dollar par jour, selon les dernières statistiques de la Banque mondiale. Et si le président João Lourenço, élu en 2017 et candidat à sa succession ce mercredi, a lancé plusieurs réformes économiques, la reprise se fait attendre.

Comme tout pays très dépendant de la manne pétrolière, l’Angola profite depuis plusieurs mois de la hausse des cours du brut. Un répit bienvenu, après cinq années de récession suite à la chute des cours en 2014-2015 et une année 2020 particulièrement difficile pour cause de pandémie.

Si la tendance continue, l’année 2022 pourrait consolider la reprise constatée en 2021. Cette année-là a en effet a été marquée par un retour de la croissance et des excédents budgétaires confortables, selon une note de l’Agence française de développement (AFD) publiée au mois de juin. La dette, qui était de 135% du PIB fin 2020, a aussi baissé à 85% fin 2021. Ces indicateurs progressent donc, mais le pays reste économiquement fragile. La perception en son sein reste celle d’un gouvernement qui échoue à relancer l’économie.

Des réformes par petites touches

Les 500 000 emplois promis par João Lourenço en 2017 ne se sont pas concrétisés. En revanche, le président s’est distingué comme l’homme qui s’est attaqué aux biens mal acquis du clan Dos Santos, son prédécesseur décédé le 8 juillet. Il a aussi amorcé une réforme de la fiscalité interne et du climat des affaires, une libéralisation du système de change et un programme de privatisation, avec l’accompagnement du FMI.

Mais ces réformes ont un goût d’inachevé et n’ont pas réussi à mettre fin à l’opacité de la gouvernance. Pour ne citer qu’un seul exemple, « la lutte anti-corruption a fait l’objet de tellement d’annonces et de contre-annonces qu’il est compliqué d’y voir clair », explique Chloé Buire, chercheuse au CNRS et spécialiste de l’Angola.

Le pays peine à sortir d’une logique rentière

Le modèle économique du pays reste dépendant à l’extrême du secteur pétrolier, qui représente 95% de ses exportations et 40% du PIB. Ce secteur est soumis aux aléas des prix du marché, mais aussi à ceux de la production. Celle-ci a baissé de plus d’un tiers entre 2015 et 2021. « La mise en service de nouvelles capacités par BP et Total Energies, qui a annoncé le 28 juillet le lancement du développement du champ Bégonia à 150 km au large des côtes, devrait permettre d’enrayer la baisse tendancielle de la production associée au manque d’investissements », relève cependant la Coface, l’organisme chargé d’assurer les entreprises françaises qui investissent à l’étranger.

Malgré les annonces, la diversification promise n’a pas encore vraiment eu lieu. Les efforts entrepris pour réduire la dépendance aux hydrocarbures « ne permettent pas de protéger le pays si le prix du baril venait à chuter » à nouveau, constate l’AFD.

L’Agriculture a fait l’objet de vastes projets « gérés comme des champs de pétrole », qui restent dans une logique rentière, explique Chloé Buire. Priorité a été donnée aux grandes fermes et aux investissements massifs, alors que les petites exploitations et l’agriculture de proximité ont été délaissées.

Hormis le secteur des diamants, le potentiel minier est, lui aussi, sous-exploité, alors qu’il regorge de réserves de cuivre, de minerai de fer, de plomb, de manganèse, ou encore de nickel, selon la BNP Paribas. Les investisseurs privés demandent plus pour être rassurés, et les investissements publics restent bridés « par le fardeau de la dette », souligne la Coface.

Une jeunesse fâchée

Même si la situation des finances publiques angolaises est en amélioration, selon l’analyse de la Direction générale du trésor français, les fondamentaux économiques, eux, n’ont que très peu changé, précise Didier Péclard, professeur de sciences politiques et d’études africaines à l’Université de Genève. « La tendance à la centralisation des pouvoirs dans la gestion des affaires publiques a continué et s’est même renforcée », ajoute-t-il. Ce qui a rendu le président sortant très impopulaire, notamment auprès des jeunes urbains qui avaient cru à un changement il y a cinq ans et qui se sentent délaissés aujourd’hui. João Lourenço devra donc faire face ce mercredi à l’insatisfaction de la jeunesse et plus largement d’une population frappée par le chômage et la cherté de la vie avec une inflation qui se montait en juillet à 21,4%.

Même si le MPLA dispose d’une base électorale indéniable, ce contexte économique ne devrait pas plaider en faveur du président sortant. « On ne peut pas croire qu’il sera réélu avec le vote populaire, assure un de nos interlocuteurs, mais on ne croit pas non plus qu’un bureau de vote proclamera sa défaite. »

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