Les principaux partis politiques camerounais ont actuellement les regards tournés vers les élections sénatoriales, qui sont annoncées pour mars prochain. On se souvient que le 6 novembre dernier, à l’occasion de la célébration des 40 ans de l’accession du président Paul Biya à la magistrature suprême, Jean Nkuete, le secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, avait appelé ses camarades à se mobiliser pour cette échéance.
En réalité, la victoire du RDPC ne fait l’ombre d’aucun doute. Le corps électoral constitué des conseillers municipaux est largement acquis au parti de Paul Biya. Ce dernier contrôle 316 communes sur les 360 qui existent sur le triangle national. En plus, ce parti se présente comme une machine à gagner les élections, comme l’avoue un de ses multiples communicants. « Nous sommes permanemment en campagne », fait-il savoir.
Dans l’opposition, plusieurs partis n’ont pas attendu la dernière ligne droite pour commencer à se préparer. C’est le cas de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP). « Les élections se préparent toujours longtemps à l’avance », indique Seidou Maïdadi, le secrétaire à la communication de l’UNDP. Pour ces sénatoriales, le parti du ministre Bello Bouba Maigari va concentrer ses efforts dans quatre régions uniquement : l’Extrême-Nord, le Nord, l’Adamaoua et l’Est. « Nous avons fait le choix de nous présenter dans les régions où nous contrôlons au moins une commune », explique Seidou Maïdadi. Il rassure aussi que les listes sont prêtes depuis longtemps. Des concertations ont été organisées pour identifier les candidats qui pouvaient le mieux défendre les couleurs de l’UNDP. Mais ces derniers n’ont pas encore été investis par le comité central du parti. Ce qui ne saurait plus tarder.
Guerre de succession
Comme l’UNDP, l’Union démocratique du Cameroun (UDC) n’a pas attendu que le président Paul Biya confirme la tenue des sénatoriales cette année, dans ses vœux à la nation, pour commencer à préparer l’échéance. La dernière réunion du bureau politique avait déjà pris la résolution de participer à cette échéance. Mais surtout, cette haute instance du parti ne souhaite pas que l’UDC aille à ces sénatoriales en aventurier. C’est pour cette raison que le parti fondé par le feu Adamou Ndam Njoya veut miser sur la région de l’Ouest. « Nous sommes la deuxième force politique dans cette région », fait savoir le député Adamou Koupit de l’UDC.
Le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), présidé par le député Cabral Libii, veut aussi faire bonne figure en mars prochain. Ce parti a gagné sept communes lors des élections municipales de février 2020. Seuls l’UNDP (16 communes) et le RDPC ont fait mieux. Pour atteindre cet objectif, le PCRN prépare activement la mise sur pied, dans les prochains jours, d’une commission chargée de la gestion des candidatures. En attendant, le sommet du parti a demandé aux militants intéressés par ces élections de se signaler.
Dans la région du Littoral, la liste des candidats est même déjà prête. Au Social Democratic Front (SDF) l’enthousiasme n’est pas encore perceptible, si on en croit un cadre du parti de la balance. Il ajoute : « c’est extrêmement difficile. Nous sommes à la veille d’un congrès et l’environnement est lié à la guerre de succession ». Notre interlocuteur croise les doigts pour que la convocation du corps électoral sorte le SDF de cette situation. Surtout parce que le parti de John Fru Ndi joue gros. Car c’est le seul parti d’opposition qui a réussi à élire des sénateurs en 2018, soit 7 au total dans la région du Nord-Ouest. En 2013, le parti comptait 14 sénateurs élus.