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Civilité et citoyenneté : exigences pour un retour à la norme

Pour former ces individus « égaux et différents », capables de vivre ensemble dans des « sociétés multiculturelles », il ne faudra pas beaucoup compter sur les familles, les médias ou les Eglises.

Il faut donc se reporter largement sur l’Ecole afin qu’elle mette en œuvre cette éducation à la civilité et à la citoyenneté: elle devra en conséquence s’adapter elle aussi, y compris en important pour son propre fonctionnement le « modèle politique de la citoyenneté », adapté à son contexte.

Mais il faut reprendre la chaîne socialisatrice à son début. Pour ce qui est des familles, des médias ou des Eglises, leur influence sera de moins en moins capable de diffuser, comme institutions, une culture commune capable de générer chez des individus une identité collective qui facilite leur coexistence publique quotidienne (civilité) comme leur adhésion et leur participation à un intérêt général (citoyenneté). Alors, que faire pour créer ce vivre ensemble dans les « sociétés d’individus », sinon se retourner vers l’Ecole ?

En effet, l’école républicaine traditionnelle a déjà apporté sa réponse de longue date : la laïcité, séparant bien l’espace public, commun et « neutre », de l’espace privé, dans lequel sont renvoyées et cantonnées toutes les identités particulières. On peut dire que ce modèle qui s’est imposé de haute lutte au XIXème siècle contre son modèle concurrent des écoles confessionnelles catholiques, a porté ses fruits en contribuant largement au fontionnement du « creuset français » (G. Noiriel) où sont venues se fondre progressivement les différentes vagues d’immigration depuis le siècle dernier. D’où l’insistance de certains enseignants ou hommes politique à perpétuer ou même retrouver ce modèle républicain. Pourtant, est-ce encore possible et souhaitable ?

Certes, en guise de solution, on peut proposer aux élèves, comme cela se fait actuellement au collège et au lycée, un moyen relativement classique : développer des cours d’éducation à leur civilité présente et à leur citoyenneté future, en les articulant par un raisonnement progressif: l’apprentissage de la civilité dans la petite cité introduisant à celui de la citoyenneté dans la grande; et cela si possible par des méthodes pédagogiques innovantes et actives, basées notamment sur des débats collectifs argumentés autour de dossiers personnellement constitués.

Mais chez certains, une idée beaucoup plus radicale germe : finir la « révolution » du modèle traditionnel de relation hiérarchique entre maîtres et élèves, déjà bien entamée, pour l’amener vers le modèle plus contractuel de la société politique démocratique afin d’ obtenir des membres de la communauté scolaire une obéissance consentie et responsable aux règles collectives. Bref, de résoudre les problèmes immédiats de civilité qui perturbent le quartier ou l’école elle-même en transformant le collège ou le lycée en « petite Cité politique citoyenne », ce qui aurait aussi l’avantage de mieux préparer, par leurs pratiques présentes, les futurs citoyens de la grande Cité.

C’est pourtant une gageure de vouloir faire vivre l’école, lieu fondamentalement asymétrique (entre les enseignants qui savent et les enseignés qui apprennent, entre la maturité des adultes et l’incomplétude de la jeunesse) comme une communauté de citoyens libres et égaux ! Cela n’est donc possible que moyennant une adaptation au contexte scolaire spécifique, mais une chose demeure : l’égalité en dignité de tous, par delà les différences de fonction -professeurs ou élèves- et d’identités personnelles. Telle est la nouvelle problématique de la citoyenneté à l’école. Reste à en définir les modalités pratiques autour de la constitution d’un bien commun qui profite réellement à tous et que chacun se sentira alors porté à défendre. Ce qui n’est pas simple à un moment où l’école démocratisée de masse est devenue le lieu central du classement social futur des individus, ce qui développe les stratégies d’intérêt personnel des acteurs, parents et élèves !  la question sociale vive de l’heure, les incivilités et la délinquance avec le sentiment d’insécurité qu’elles engendrent, est souvent reliée dans l’opinion publique avec ce qui serait une « crise civique », à laquelle on propose souvent comme remède un renforcement de l’éducation civique à l’Ecole, faisant implicitement l’hypothèse que la source de tous ces maux serait l’affaiblissement des instances de socialisation.

Certains, au vu de l’abstentionisme ou de l’extrémisme, ainsi que des « incivilités », diagnostiquent une crise du civisme marquée par un manque d’attachement des citoyens à leurs devoirs civiques et aux valeurs démocratiques, alors qu’il faut plutôt y voir une crise de la représentation, une défiance contingente des citoyens dans le personnel politique qui les conduit à adapter en conséquence leurs comportements. Soit ils déserteront le champ public en se repliant sur leurs intérêts particuliers, Soit ils contesteront le système (c’est l’option « Voice ») à travers la montée des votes protestataires gros de réflexes extrêmistes.

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