Abandonnées par les géniteurs de leurs enfants après conception, elles sont obligées de jouer un double rôle pour prendre soin de leur progéniture.
Prisca Anyambod vit au quartier Simbock (Yaoundé). La jeune fille de 25 ans a la chance d’avoir trouvé un emploi de ménagère dans une famille non loin de son lieu de résidence. Sauf que, pour rallier son lieu de service tous les matins, elle est obligée de se lever tôt pour apprêter les cartables de sa progéniture en partance pour l’école « être mère célibataire n’est pas facile, il faut travailler dur, aller de petits métiers en métiers pour avoir quelque chose à manger sur la table pour les enfants et répondre à leurs besoins », explique la jeune mère célibataire.
Comme Prisca, le quotidien d’Anaïs Abeng est presque calqué sur le même modèle. Agent d’entretien dans une université de la place, elle sacrifie habituellement ses dernières heures de sommeil pour préparer le nécessaire de l’école à sa bambine de 5ans. Tout ceci en l’absence du père de l’enfant porté disparu depuis l’annonce de la grossesse. Tellement le géniteur a vite pris la poudre d’escampette que la nouvelle maman était obligée de s’y habituer. « Si je ne me débrouille pas comme ça, personne ne prendra soin de mon enfant. C’est épuisant c’est vrai. Mais, mieux vaut ça que de rester les bras croisés », justifie-t-elle.
En effet, les jeunes mères célibataires, l’on en compte désormais à la pelle. La situation s’est dégradée qu’elle est devenue un phénomène social de nos jours. Difficile d’expliquer par les concernées mêmes, le problème semble trouver une solution auprès de certains experts. « Nos filles se retrouvent dans cette situation car, elles ne prennent pas le temps de mieux connaitre leurs partenaires. La réflexion n’est pas suffisamment murie et par ricochet, elles pensent que faire un enfant avec un homme retiendra forcement ce dernier », analyse le psychologue Martial Wakeu.
Procédure
Face à leur destin après que leurs copains aient pris la clé des champs, les jeunes filles mères sont contraintes de jouer un double rôle : celui de père et celui de mère. Pour celles sans emploi, le train-train quotidien devient encore plus compliqué. Comment faire donc pour ne pas tomber face à ce piège tendu par les hommes ?
« Sortir aujourd’hui de ce fléau est difficile voire impossible. Les jeunes doivent juste apprendre à mieux se connaitre. Une fois cela fait, leurs relations auront une bonne base », propose le psychologue. Dans le cas contraire, c’est la progéniture qui paye généralement les frais. Car, ces enfants sont habituellement au centre de nombreux problèmes dans des foyers dits recomposés. « La femme de mon père est trop dure avec moi. Je fais tous les travaux à la maison. Mais, je n’ai pas droit à la même quantité de nourriture que ses enfants. Idem pour l’argent des beignets.
J’ai le plus souvent 300 Fcfa pendant que les autres enfants en comptent 500 Fcfa ajoutée aux gamelles qu’ils reçoivent », s’insurge Kelly M. Même son de cloche pour Claudine Eyenga. « J’aurai préféré rester dans la rue, au lieu de me retrouver dans la maison de ce type qu’est le mari de ma mère. Il ne rate aucune occasion pour me rabaisser et me rappeler que je ne suis pas chez mon père » », s’offusque la jeune étudiante. Toutefois, il faut tout de même dire que tous les enfants faits hors mariage ne subissent pas le même traitement. « Tout va bien à la maison avec mes frères et sœurs. Quand papa achète quelque chose pour un, il fait pareil pour tous les autres, sans discrimination », reconnait Romuald Awono.