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Madagascar : Apollo 21 ou le procès d’une tentative présumée d’élimination du président Rajoelina

Accusées d’avoir planifié un coup d’Etat contre l’actuel président de Madagascar, 21 personnes, dont deux Français et leurs épouses, doivent être jugées à partir de lundi matin, plus de quatre mois après leur arrestation. Un procès retentissant dans une affaire sans précédent baptisée Apollo 21.

  • Qu’est-ce que l’affaire Apollo 21 ?

C’est le nom du projet présumé de déstabilisation du régime du président Andry Rajoelina. L’affaire a été rendue publique le 20 juillet 2021, lors de l’annonce par la Procureure générale de la Cour d’appel, Berthine Razafiarivony, de l’arrestation de plusieurs personnes étrangères et malgaches dans le cadre d’une enquête pour atteinte à la sûreté de l’Etat. L’accusation est extrêmement grave : celle d’une tentative d’assassinat du président Andry Rajoelina. Et la Procureure ne laisse pas la place au doute : “Selon les preuves matérielles en notre possession, ces individus ont échafaudé un plan d’élimination et de neutralisation de diverses personnalités Malagasy dont le Chef de l’Etat ».

Lors d’une intervention télévisée le 8 août, le président Rajoelina a lui-même donné des détails sur le projet Apollo 21 – « Apollo » du nom du programme lunaire américain. Selon lui, le projet serait composé de 4 phases : Houston, l’allumage, le décollage et enfin la mise en orbite. Un vaste réseau serait impliqué, 5 millions d’euros auraient été prévus pour l’achat de troupes, de leaders syndicaux et de commandos. Les cibles : le président et cinq ministres. Selon Andry Rajoelina, de hauts politiciens seraient impliqués.

  • Qui sont les accusés ?

Dans les jours qui suivent l’annonce de la Procureure générale, on apprend d’emblée que sur les six personnes arrêtées, il y a deux Français dont un binational. L’agence de presse nationale Taratra révèle leur nom et leurs parcours. Philippe Marc François et Paul Maillot Rafanoharana sont deux anciens officiers français sortis de Saint-Cyr, l’école spéciale militaire de l’armée de Terre. Tous deux sont actuellement sous mandat de dépôt à la prison de Tsiafahy, dans la capitale.

Paul Rafanoharana, un Franco-Malgache, connaît bien le président Rajoelina : il a été l’un de ses conseillers diplomatiques. Le chef de l’Etat dément pour sa part une quelconque proximité avec le prévenu.

Philippe François, ancien colonel de l’armée française (il l’a été jusqu’en 2013), dirigeait une société d’investissement à Madagascar, Tsarafirst. Les deux hommes y ont été brièvement associés.

Au total, 21 personnes sont impliquées dont des anciens hauts responsables de l’Etat malgache et des généraux, un ancien Premier ministre et un ancien candidat à la présidentielle.

Par ailleurs, la société pétrolière Madagascar Oil, détenue par Benchmark Group, a, très tôt, été interrogée dans l’enquête et son directeur général auditionné. La direction de cette société qui exploite le gisement onshore d’huile lourde de Tsimiroro a reconnu avoir été sollicitée par email par Paul Rafanoharana pour financer le renversement du régime au pouvoir.

Fait notable, l’affaire a touché le plus haut dignitaire de l’Eglise catholique à Madagascar. L’archevêque d’Antananarivo, Odon Razanakolona, a lui aussi été auditionné dans le cadre de l’enquête. Et pour cause, l’un des deux principaux accusés, Paul Rafanoharana se présentait comme son conseiller. L’Eglise catholique s’est exprimée sur le sujet pour nier toute liaison voire compromission.

Personnage gravitant dans les cercles du pouvoir politique et des affaires, Paul Rafanoharana est quant à lui présenté comme le « présumé cerveau » notamment dans les écrits de l’agence de presse natioanle Taratra .

  • Dans quelles conditions va se dérouler le procès ?

Poursuivis pour atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs et complot en vue d’assassiner le président Andry Rajoelina, Paul Rafanoharana et Philippe François et leurs épouses, qui démentent toute implication, doivent comparaître au palais de justice d’Anosy, dans la capitale Antananarivo, aux côtés des 17 autres prévenus.

L’audience est publique mais rien ne dit clairement que la presse pourra y assister. Selon les avocats de la défense, le procès devrait durer entre trois et quatre jours.

« C’est un procès inéquitable », déplore, auprès d’une correspondante de l’AFP, Arlette Rafanomadio, avocate de Paul Rafanoharana et de son épouse. « Nous n’avons pas eu assez de temps pour préparer la stratégie de défense, avec un accès difficile à nos clients« .

« Nous n’avons eu que trente minutes avec eux vendredi, pour 400 pages de dossier« , a-t-elle précisé.

Témoignant dans un reportage télévisé diffusé sur une chaîne française la veille du début du procès, Maître Chan Fah, l’avocat de Philippe François, a également fait état du non respect des droits, travaillant pour la défense de son client dans un climat de surveillance. « On ne respecte pas la présomption d’innocence, de part les déclarations qui ont été faites par les autorités plane déjà une décision de condamnation judiciaire. Il y a beaucoup de risques de manipulations de la part des autorités, de pressions des jugent qui vont juger cette affaire », déclare-t-il.

Le cas du Français Philippe François a suscité la mobilisation de ses camarades de promotion à Saint-Cyr. Dans un communiqué où ils se disent « convaincus de son innocence », ils espèrent « la plus grande sérénité des débats et le respect des droits de la défense » lors de ce procès.

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