L’Afrique poursuit son endettement auprès de la France. Avec plus de 11 000 milliards de Fcfa, des dettes colossales qui ne reflètent pas toujours un développement notoire sur le terrain malgré quelques évolutions observées çà et là. Dans son rapport sur l’évolution de la dette africaine, le Trésor français indique que le continent s’est endetté à hauteur de 11 191,67 milliards de FCFA en 2022. De manière théorique les fonds ont une destination précise et que ceux-ci sont octroyés sous plusieurs formes. Généralement les montants décaissés sont des aides au développement et commerciales.
Elles sont pour la plupart directement faites par l’Etat français, mais elles passent aussi d’autres fois par des agences telles que l’Agence française de développement (AFD), BPI Assurance Export et Natixis. Si Damien Millet parlant de la dette africaine dans La dette de l’Afrique aujourd’hui (Mars 2005) souligne que c’est « un instrument de domination implacable, dissimulant racket et pillage » ; au niveau du continent, l’appréciation est tout autre. Pour l’année 2022, l’on note que les pays africains sont de plus en plus ouverts à la dette.
Selon le classement rendu public, en tête des pays les plus endettés auprès de la France, le Maroc avec un encours de dette fixé à 2 036 milliards de FCFA soit 18% de la dette totale des pays africains envers la République française. Ensuite vient l’Egypte avec une dette chiffrée à 1 038,3 milliards de FCFA, puis suivent la Côte d’Ivoire avec 972,7 milliards de FCFA, le Cameroun avec ses 912,4 milliards de FCFA et le Sénégal qui vient boucler le top 5 avec 877,6 milliards de FCFA. Plus loin, la Tunisie, 739,2 milliards de FCFA ; le Kenya 554,2 milliards de FCFA ; le Nigéria 393,5 milliards de FCFA ; le Gabon 319,4 milliards de FCFA et l’île Maurice 276,8 milliards de FCFA…Etc. À l’exemple de beaucoup d’autres pays de la zone franc, le Cameroun reste très endetté auprès de la France.
Avec une dette publique évaluée à 12510 milliards de FCFA soit 8 052 milliards de FCFA de dette extérieure fin 2023, l’encours de la dette du pays auprès de Paris est en baisse de 79,9 milliards de Fcfa en glissement annuel (selon le Trésor français, la dette a été évaluée à 992,3 milliards FCFA en 2021). Globalement, et ceci depuis vingt-cinq ans, la dette et l’ajustement structurel fracassent l’Afrique et la vie de la plupart des quelque 850 millions d’Africains. Après l’historique des dernières décennies, un bilan spécifique sur la dette africaine s’impose car ses ravages sur l’économie et les populations africaines sont tels que son annulation totale et inconditionnelle devient une exigence minimale de justice, et les arguments dans ce sens sont multiples.
